André Vallini, la réforme territoriale à défaut de la justice
POLITIQUE – Le sénateur et président du conseil général de l’Isère, ancien président de la commission d’Outreau, est nommé secrétaire d’Etat dans le gouvernement de Manuel Valls…A Grenoble, Manuel Pavard
Comme à chaque remaniement ministériel, son nom a été cité du côté de la place Vendôme, au lendemain des élections municipales. Mais André Vallini a vu une nouvelle fois le ministère de la justice lui échapper. En 2012 déjà, ce proche de François Hollande, alors conseiller justice de l’actuel président de la République, s’imaginait bien devenir garde des Sceaux. Même s’il affirmait «ne pas se laisser griser par les spéculations parisiennes», la nomination de Christiane Taubira l’avait sonné. «Je suis violemment déçu», avait-il avoué ce jour-là. Cette fois, André Vallini devra se contenter d’un poste de secrétaire d’Etat chargé de la réforme territoriale. Une mission sensible après l’annonce par Manuel Valls de la suppression des conseils généraux.
Une ascension quasi programmée et ininterrompue
La justice est, avec la politique, la grande passion de ce fils d’un entrepreneur d’origine italienne, né il y a 57 ans à Tullins, à 30 km de Grenoble. Avocat de formation, diplômé de Sciences-Po Grenoble et de la faculté de droit, André Vallini fait ses gammes en politique comme assistant parlementaire de Gisèle Halimi, en 1981, avant de devenir à 29 ans maire de sa ville natale.
La suite est une ascension quasi programmée et ininterrompue: conseiller général à 35 ans, député à 40 ans, puis président du conseil général de l’Isère en 2001 et sénateur en 2011 - deux postes qu’il occupe encore aujourd’hui. Parallèlement, il monte en grade en sein du Parti socialiste où il devient le spécialiste des questions de justice et siège toujours actuellement au bureau national du PS.
Connu du grand public grâce à l’affaire d’Outreau
C’est d’ailleurs sur le terrain judiciaire qu’André Vallini va se faire connaître du grand public. En décembre 2005, il est ainsi nommé président de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau. Il auditionne pour cela 221 personnes entre janvier et avril 2006 et rend un rapport qui servira de base à la réforme de la justice, en octobre 2006.
Considéré comme un élu de terrain actif, très apprécié à Tullins où bon nombre d’habitant l’appellent toujours par son prénom, André Vallini se décrit comme quelqu’un de «pragmatique, d’un naturel prudent et souvent trop pessimiste». Sur sa personnalité, les avis divergent: affable et doté d’un vrai sens de l’humour pour certains, trop exigeant et parfois hautain pour d’autres, tels certains salariés du conseil général. Dans son parcours presque sans faute subsiste toutefois une ombre: en 2012, André Vallini a été accusé de licenciement abusif et harcèlement moral par une ancienne collaboratrice. L’affaire s’est conclue par un accord à l’amiable.