GOUVERNEMENTVote de confiance: Valls peine à rassembler ses forces à gauche

Vote de confiance: Valls peine à rassembler ses forces à gauche

GOUVERNEMENTLe nouveau Premier ministre prononcera mardi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Tout juste nommé Premier ministre, lundi dernier, Manuel Valls pourrait être confronté à un premier exercice périlleux ce mardi en engageant la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. «Ce rendez-vous est à double enjeu, rappelle Stéphane Rozès, politologue et président de Cap (Conseils, analyses et perspectives). Manuel Valls y présentera la politique générale qu’il compte mener à Matignon. Ce sera aussi l’occasion de ressouder la gauche derrière le gouvernement quelques jours après la défaite cinglante aux municipales.»

Difficile rassemblement à gauche

Mais le nouveau Premier ministre peine à rassembler les forces à gauche. Les dix députés du Front de Gauche ont d’ores et déjà annoncé qu’ils voteront contre la confiance au gouvernement par la voix de leur chef de file André Chassaigne. Les cinq députés ultra-marins qui siègent avec eux au sein de la Gauche démocratique et républicaine (GDR) devraient en faire autant.

Manuel Valls ne devrait pas pouvoir compter beaucoup plus sur les députés d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Le parti, qui a d’ores et déjà décidé de ne pas prendre part au nouveau gouvernement, précisera ce lundi sa position concernant le vote de confiance, après avoir rencontré le Premier ministre à Matignon à 16h. S’ils ne voteront pas contre, il est fort probable que les députées EELV s’abstiennent. «A moins que Manuel Valls annonce la fermeture de 24 réacteurs nucléaires, la mise en place de la proportionnelle et l’abandon de Notre-Dame-des-Landes», confie hors micro une responsable d’EELV à France Info.

La fronde de 82 députés PS

Plus problématique, Manuel Valls ne fait pas non plus l’unanimité au sein de son parti. Quatre-vingt-deux députés PS ont apposé leur signature en bas d’une lettre ouverte réclamant un «contrat de majorité avec le gouvernement». Une manière de poser des conditions au vote de confiance de mardi. «Nous contestons la méthode aujourd’hui employée par le gouvernement, commente Guillaume Balas, secrétaire général d’Un monde d’Avance, l’une des sensibilités PS à l’origine de la lettre. L’exécutif mène sa politique seul, sans en référer ni en discuter avec sa majorité. L’exemple le plus criant est le pacte de responsabilité que le gouvernement cherche à imposer au parlement.»

Les signataires remettent en cause la politique d’austérité menée actuellement au sein de l’Union européenne. «Ce n’est pas une solution pour nous sortir de la crise, poursuit Guillaume Balas. Nous avons au contraire besoin d’une politique d’investissement pour relancer la croissance.»

Improbable défiance…

Mais jusqu’où iront ces députés frondeurs? Jusqu’à voter contre la confiance au gouvernement mardi? «Non, assure Pouria Amirshahi, l’un des députés PS signataires de la lettre. Je ne donnerai jamais ma voix à l’UMP. Mais je pourrais très bien m’abstenir de voter si Manuel Valls n’apporte pas d’ici mardi des précisions sur sa politique et sur sa façon de mieux prendre en compte sa majorité politique.»

Plusieurs députés frondeurs pourraient adopter la même ligne que Pouria Amirshahi. De là à faire basculer le vote en défaveur de Manuel Valls? En additionnant les voix des députés du Front de Gauche aux 199 voix du groupe UMP, aux 30 du groupe UDI et aux voix des non-inscrits (huit députés dont trois de l’extrême droite), le nombre de vote contre pourrait monter à environ 250. Côté pour, le groupe socialiste compte 291 députés et celui des radicaux de gauche 17. Si on enlève la poignée de députés devenus ministres et qui ne pourront de ce fait pas voter, cela fait environ 300 voix pour Manuel Valls. «Il faudrait donc qu’un nombre conséquent de députés PS s’abstiennent, voire vote contre le gouvernement, observe Stéphane Rozès. Cela est peu probable.»

Manuel Valls : « Ma marque, ça doit être l’efficacité »

«Je prononcerai un discours concret. Les grands axes du pacte de responsabilité et les grandes orientations budgétaires seront présentés», déclare Manuel Valls au JDD. A trois jours de son grand oral devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre précise à l’hebdomadaire ce que sera sa politique générale à Matignon. « Je veux être un chef d’équipe, un animateur, et je serai direct. Je veux rendre chaque ministre responsable (…). J’ai de l’énergie, il faut que ça aille vite. Je veux redonner confiance au pays. Il faut une organisation huilée. Ma marque, ça doit être l’efficacité.» Le Premier ministre ne profite aussi pour tendre la main aux députés écologistes : «S’ils restent dans la majorité, ils seront associés [à la politique du gouvernement]».