POLITIQUETribune de Sarkozy: L'Etat de droit malmené pour Valls, une «réponse courageuse» pour Copé

Tribune de Sarkozy: L'Etat de droit malmené pour Valls, une «réponse courageuse» pour Copé

POLITIQUEL es réactions affluent a près la tribune de l'ancien président Nicolas Sarkozy dans «Le Figaro»...
C. B. avec AFP

C. B. avec AFP

Elle fait réagir. A peine mise en ligne, la tribune rédigée par Nicolas Sarkozy dans Le Figaro suscite des réactions à droite comme à gauche. A commencer par celle de Harlem Désir, qui a été le premier à envoyer son communiqué.

François Hollande «ne répondra à aucune polémique»

Le Président, qui se trouvait à Bruxelles, a déclaré que «toute comparaison avec des dictatures (était) forcément insupportable», en réponse à la tribune de Nicolas Sarkozy comparant les écoutes le visant aux méthodes de la Stasi (la police politique de l'ex-RDA). François Hollande a toutefois souligné qu'il «ne répondrait à aucune polémique».

Sapin y voit «un coup d'Etat verbal contre les institutions»

«Oser dire que la police française ou que la justice française serait l'égale des pires polices politiques qu'on a pu connaître dans l'Europe de l'Est et dans l'Europe stalinienne (...) s'apparente à un coup d'Etat verbal contre les institutions de la République», a estimé le ministre sur i-télé. Pour Michel Sapin, «aujourd'hui c'est du Berlusconi à quoi nous assistons, c'est-à-dire de la grande gueule contre les institutions, ce n'est pas comme ça qu'on peut donner une belle image de la France».

«Nicolas Sarkozy a raison», selon Henri Guaino

«Quand on se met à écouter tout le monde à tort et à travers, vers quel type de régime se dirige-t-on, sinon vers une société ou un régime où il n’y a plus de sphère privée, où il n’y a plus d’intimité, de secret des personnes, de secret des correspondances. Ça s’appelle, dans l’histoire, le totalitarisme. Et on y va, excusez-moi», s’est exclamé l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy sur Europe 1 vendredi.

Et d'insister: «Trouver n’importe quel prétexte, pour mettre n’importe qui, n’importe comment, sur écoute, c’est le contraire de la démocratie, le contraire de la République. C’est ce que dit Nicolas Sarkozy. Et il a raison.»

«Une lettre de guerre» pour Mélenchon

Le coprésident du Parti de Gauche juge qu'il s'agit d'une «lettre de guerre» à laquelle il n'«attache pas plus d'importance que ça». «De la part d'un ancien chef de l'Etat je trouve ces indignations à géométrie variable. Il n'a rien à dire sur le fait que les Etats-Unis nous espionnent tous», a commenté l'eurodéputé sur RTL, concluant: «Il n'est pas très crédible.»

Copé dénoncez un «deux poids deux mesures»

Le président de l'UMP a dénoncé vendredi un «deux poids deux mesures» contre Nicolas Sarkozy, jugeant que «les limites [du] convenable pour une grande campagne électorale» ont été «dépassées». «Dans les périodes qui précèdent les élections, on parle de manière équitable des sujets (...). Or, il s'est trouvé que pour la première fois, il y a eu un acharnement mettant en cause systématiquement ma famille politique et des responsables de ma famille politique et jamais à gauche», a-t-il dit sur Radio Classique et LCI.

«Est-ce qu'il n'y a pas deux poids deux mesures? (...) Tout cela est profondément choquant», a-t-il enchaîné, soulignant que la tribune de Nicolas Sarkozy était «indispensable, compte tenu de la violences des attaques dont il a été l'objet». «C'était très important qu'il le fasse, c'était important pour notre famille politique d'entendre sa voix», a-t-il affirmé.

Jeudi, Jean-François Copé avait jugé que la tribune de Nicolas Sarkozy était «une réponse courageuse, forte et indispensable aux accusations incessantes et violentes dont il fait l'objet de la part du gouvernement et de certains organes de presse».

Une «attitude pyromane» pour EELV

Dans un communiqué, la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse et le porte-parole Julien Bayou assurent avoir pris connaissance «avec stupeur de la violence de la charge de l'ancien président contre les institutions qu'il était encore il y a peu en devoir de protéger et faire respecter». «Il ne fait qu'attiser un peu plus le vent mauvais de la défiance envers nos institutions», une «attitude pyromane» jugée «irresponsable» et «indigne de la charge qu'il a occupée pendant cinq ans» par EELV.

«Plutôt que de vociférer contre cette justice forcément "aux ordres" et ces juges d'instruction qu'il souhaitait tant faire disparaître car justement indépendants, l'ancien président s'honorerait à se tenir véritablement à disposition de la justice pour éclaircir au plus vite les nombreuses affaires qui le concernent de près ou de loin», ajoute Europe Ecologie-Les Verts.

Valls y voit «une forme de rage»

«J'ai le sentiment en lisant ce texte que Nicolas Sarkozy, pris par une forme de rage, veut tout détruire pour se protéger, se protéger de quoi, je ne le sais pas, c'est à la justice de le dire», a déclaré Manuel Valls vendredi sur Europe 1, disant éprouver un «grand malaise» face à ces «paroles de division, de confusion». «On ne peut pas comparer la France à une dictature, on ne peut pas comparer la police et la justice française à la Stasi, on ne peut pas mettre en cause les magistrats», a continué Manuel Valls.

Jeudi soir, lors d'une réunion publique à Grenoble, Manuel Valls avait déjà accusé Nicolas Sarkozy de s'en prendre «au fondement-même de l'État de droit» dans sa tribune.

Sarkozy s'en prend «au fondement même de l'Etat de droit», pour Manuel Valls

«Aujourd'hui, il y a un ancien président de la République acculé par les problèmes qui s'en prend (...) dans le journal Le Figaro au fondement même de l'Etat de droit », a déclaré Manuel Valls au cours d'une réunion publique à Grenoble. «Assimiler la République française à la dictature de l'ex Allemagne de l'Est, assimiler la justice et la police à la Stasi, l'ex police secrète, cela disqualifie les critiques de Nicolas Sarkozy», a dit au Parisien le ministre de l'Intérieur en marge de cette réunion publique. «C'est aussi infamant pour les magistrats et les policiers de notre pays», a-t-il ajouté.

Une «attaque inouïe contre les institutions de la République» pour Désir

«Je dénonce avec force l’attaque inouïe portée aujourd’hui par Nicolas Sarkozy contre les institutions de la République», écrit le Premier secrétaire du PS. «L’ancien président de la République, justiciable comme un autre, soumis comme un autre au respect de l’indépendance de la justice, s’autorise une pression sans précédent sur les magistrats chargés de faire la lumière sur des faits, qui, s’ils étaient avérés, seraient très graves. Sans aucune retenue, il va jusqu’à comparer son pays à l’Allemagne de l’Est du rideau de fer, ou à une dictature!»

«Une grave faute morale» pour Ayrault

Jean-Marc Ayrault a qualifié jeudi dans un communiqué de «grave faute morale» le fait pour Nicolas Sarkozy de «mettre en cause l'honneur de la justice et de la police» dans sa tribune. Le Premier ministre a en outre jugé que «la comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable», alors que l'ex-chef de l'Etat évoque la Stasi (police politique de la RDA: ndlr) à propos des écoutes judiciaires qui le visent.

Une «injure à l’égard des citoyens français et des juges» pour Taubira

«Dans un Etat de droit, la mise en œuvre de la loi prévoyant les interceptions judiciaires par des juges indépendants ne peut pas être comparée aux pratiques à l’œuvre dans des régimes autoritaires ou totalitaires», écrit Christiane Taubira dans un communiqué. La ministre de la Justice affirme ne pas accepter les propos de Nicolas Sarkozy, qu’elle assimile à une «injure à l’égard des citoyens français et des juges».

«Nicolas Sarkozy doit reprendre ses esprits» pour Vallini

«Nicolas Sarkozy vient d'insulter gravement la magistrature française et il doit absolument reprendre ses esprits», a déclaré le sénateur PS André Vallini. «Il doit surtout comprendre et accepter que la justice fasse son travail en toute indépendance dans le respect de la séparation des pouvoirs et de la présomption d'innocence. Il est grave qu'un ancien président de la République se laisse aller à de tels égarements», a-t-il ajouté.

«Il a eu vraiment raison de le faire» pour Morano

«Je crois qu’il a eu vraiment raison de le faire, parce qu’à un moment donné trop c’est trop et de choisir cette expression écrite, c’est-à-dire en pesant chacun des mots qu’il a souhaité dire aux Français (…) il a beaucoup agi pour notre pays et de se voir aujourd’hui sali par des tentatives d’affaires qu’on essaye de lui coller sur le dos, il a déjà connu cette expérience avec l’affaire Clearstream, il n’est mis en examen sur rien mais on essaye de le faire passer pour ce qu’il n’est pas», a réagi sur BFMTV Nadine Morano, ancienne ministre de l’ancien président.

«C’est une lettre qui part du cœur» pour Didier

«J’invite chacun des Français qu’il soit de droite ou de gauche, à prendre quelques minutes pour lire cette tribune. Vous remarquerez que Nicolas Sarkozy a choisi l’écrit et non l’oral pour susciter la réflexion et donc ne pas céder à l’émotion. Les mots sont pesés et en même temps très forts», estime Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l’UMP, qui s’est exprimé sur BFMTV. «C’est une lettre qui part du cœur mais qui veille à ramener chacun à la raison (…) Il était temps et utile de réagir».

«La justice est en train de devenir militante et parfois même totalitaire» pour Peltier

Pour Guillaume Peltier, le vice-président de l’UMP: «On ne peut que saluer cette intervention à la fois solennelle et forte, non pas d’un homme politique mais d’un homme d’état qui vient rappeler, non pas à la droite, non pas à la gauche mais à tous les Français les principes républicains et l’idéal de justice qui devraient être nos trésors précieux et notre bien commun. (…) Il est heureux, il est indispensable que par son expérience, par son autorité, sa force de persuasion, il puisse rappeler à l’ensemble nos compatriotes l’importance de ces valeurs. (…) Malheureusement ici ou là la justice dans notre pays est en train de devenir militante et parfois même totalitaire».