POLITIQUEEcoutes de Sarkozy: Comment le gouvernement peut-il reprendre la main après une semaine catastrophique?

Ecoutes de Sarkozy: Comment le gouvernement peut-il reprendre la main après une semaine catastrophique?

POLITIQUESelon un politologue, l’exécutif a tout intérêt à passer à un autre sujet…
Enora Ollivier

E.O.

C’est une semaine comme on en voit peu dans la vie politique française, faite d’affaire, et d’affaire dans l’affaire. Après la révélation par le journal Le Monde de la mise sur écoutes de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du supposé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, l’attention s’est portée sur le gouvernement. Lequel s’est livré à un cafouillage monumental, Christiane Taubira ayant d’abord assuré n’avoir été au courant des écoutes que lors de la parution de l’article du Monde, avant d’être contredite par le Premier ministre puis par des documents qu’elle a elle-même brandis devant la presse.

Accablé par la droite, l’exécutif a crié toute la semaine à l’«enfumage», à la «manipulation» et à la «théorie du complot». Mais après avoir «pris des vagues sans réagir», selon les mots de Cécile Duflot, l’exécutif a choisi de passer à l’offensive. Et la ministre du Logement d’évoquer les «méthodes de voyous» de l’opposition. «Les affaires qui concernent la droite, je ne les invente pas», a de son côté lancé Jean-Marc Ayrault, dans une interview aux Echos ce vendredi, raillant «monsieur Copé, qui voudrait nous donner des leçons de vertu».

«Passer à une autre séquence politique»

Une riposte suffisante pour faire oublier l’épisode? Pour Eddy Fougier, politologue et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le gouvernement a tout intérêt à «passer rapidement à une autre séquence politique». Et arrêter, donc, d’évoquer les affaires concernant la droite qui «ne lui sont pas si bénéfiques qu’attendu».

Selon lui, l’exécutif a voulu tirer parti de la procédure judiciaire visant Sarkozy mais «à trop jouer avec les pétards, ils lui ont explosé au visage». Avec des conséquences indésirables: un «soupçon d’acharnement sur Nicolas Sarkozy», voire «un sentiment diffus de déni de démocratie» et ce «quelle que soit la gravité des faits» dont est suspecté l’ancien Président. A une semaine des municipales, l’effet pourrait être ravageur sur les électeurs, note le chercheur.

«Que le pays réussisse son redressement»

Alors parler d’autre chose, oui, mais de quoi? François Hollande pourrait par exemple «annoncer le remaniement rapidement», avance le politologue. Ou peut espérer un coup de pouce extérieur, comme l’annonce d’une embellie économique. Et c’est précisément sur la reprise que Jean-Marc Ayrault entend recentrer le débat pour les prochains jours.

«Ce que veulent les Français, et c’est ça l’essentiel, c’est que le pays réussisse son redressement», explique-t-il dans l’interview aux Echos, précisant avoir «une quinzaine de jours pour boucler le pacte [de responsabilité], et en parallèle, définir notre plan de 50 milliards d’économies».