ELECTIONSVote blanc: Pourquoi et comment le reconnaître?

Vote blanc: Pourquoi et comment le reconnaître?

ELECTIONSLes députés se sont prononcés ce jeudi pour la reconnaissance prochaine du vote blanc. 20 Minutes fait le point sur les changements que cette mesure va amener...
Enora Ollivier

Enora Ollivier

Quelle est la situation actuelle?

Aujourd’hui, aucune différence n’est faite entre les votes blancs et les votes nuls. Ces derniers prennent la forme de bulletins raturés ou déchirés alors que voter blanc consiste au contraire à insérer un bulletin vierge dans une enveloppe. Ces votes blancs et nuls sont comptabilisés mais n’apparaissent pas dans les résultats officiels où figurent seulement le nombre d’électeurs inscrits et de votants ainsi que les suffrages exprimés (c’est-à-dire ceux ayant désigné l’un ou l’autre des candidats). Ce type de vote est important: au second tour de la présidentielle, 2,15 millions d'électeurs, soit 5,8% des votants avaient déposé un bulletin blanc ou nul. Ce chiffre élevé a presque égalé le record de 1969 (6,4%) lorsque les communistes avaient refusé de choisir entre le centriste Alain Poher et le gaulliste Georges Pompidou.

Pourquoi vouloir aujourd’hui dissocier vote blanc et nul?

Parce que le vote blanc manifeste l’expression du citoyen, qui a fait le choix de venir voter tout en marquant le fait qu’il ne se reconnait dans aucun des candidats. Reconnaître cette démarche permet de la différencier celle des électeurs qui ont déposé - par erreur ou par choix- un bulletin nul. Pour certains, le vote blanc apparaît aussi comme une alternative offerte aux citoyens qui voudraient se diriger vers les extrêmes.

Enveloppes vides = vote blanc?

Actuellement, glisser dans l’urne une enveloppe sans bulletin est considéré comme un vote nul. Mais est-ce que cela ne revient pas plutôt à voter blanc? Les parlementaires divergent sur ce point.

Quand la reconnaissance du vote blanc sera-t-elle effective?

C’est la question polémique du dossier. Ce jeudi, la majorité a voté un texte prévoyant une mise en application au 1er avril 2014, c’est-à-dire deux jours après les municipales. Pour justifier cette date, le ministre de la Ville Pascal Lamy, qui représentait le gouvernement lors de l’examen de la proposition, a notamment mis en avant le manque de temps pour modifier les logiciels du ministère de l'Intérieur. Le député UDI François Sauvadet a de son côté dénoncé «un bal des faux-cul», déplorant sur RTL un PS «nous disant "attendez, on est d'accord mais pas maintenant, on verra ça après les élections municipales"». La loi devrait cependant être effective avant les élections européennes à condition que le Sénat, qui va devoir observer le texte en deuxième lecture, l’adopte à temps.

Pourquoi le vote blanc ne figurera toujours pas dans les suffrages exprimés?

Parce que cela risquerait de créer des élections sans vainqueur. En particulier, celle du Président de la République, qui est, comme l’indique la Constitution, «élu à la majorité absolue des suffrages exprimés». Aussi, en 2012, personne n’aurait été élu si le vote blanc avait été pris en compte puisque François Hollande n’a recueilli «que» 18 millions de voix, soit moins de la moitié des 37 millions de votants ( 16,9 millions avaient choisi Nicolas Sarkozy et 2,15 millions avaient voté blanc ou nul). Le Parti du vote blanc, lui, réclame une prise en compte parmi les suffrages exprimés. Et propose que si les bulletins blancs recueillent 50% des suffrages, l’élection soit invalidée et réorganisée dans les trois mois.

Et à l’étranger?

Quatre pays européens reconnaissent, partiellement, le vote blanc: la Suisse, l’Espagne, la Suède et les Pays-Bas. Il existe également en Amérique du Sud, notamment au Pérou, où un scrutin est annulé quand deux tiers des électeurs choisissent de voter blanc.