VIDÉO. Pourquoi Bayrou et Borloo se réconcilient (et pourquoi c’est compliqué)
•POLITIQUE – Le MoDem et l'UDI créent ce mardi «L'Alternative» sur fond de désaccords aux municipales…Alexandre Sulzer
Ils étaient en couple, se sont séparés, mais ils se remettent ensemble. Pas vraiment en couple, ce n’est pas un parti ni même une confédération comme l’était l’UDF. Plutôt une sorte de colocation. Le MoDem de François Bayrou et l’UDI de Jean-Louis Borloo annonceront mardi leur alliance –appelée «L’Alternative»- à la maison de la chimie.
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Vidéo: Maxime Deloffre
Une charte de deux pages sera présentée à la presse. Elle actera l’alliance entre les deux formations centristes qui présenteront des candidats d’union aux municipales mais aussi aux européennes, aux sénatoriales et à toutes les prochaines échéances électorales, y compris la présidentielle. Selon nos informations, le principe d’un candidat commun «démocratiquement désigné» est acté dans la charte qui prend soin de ne pas évoquer de primaires.
Remettre Bayrou dans une dynamique collective
«L’opinion publique reproche à François Bayrou d’être trop solitaire. Cette union lui permet de se remettre dans une dynamique collective, observe un cadre centriste. Ce qui est d’autant plus important que l’électorat du centre aime la collégialité.» D’après un sondage BVA, 76% des sympathisants de l’UDI et 66% du MoDem sont favorables à ce rapprochement. Autre avantage pour François Bayrou, bien isolé aujourd’hui: pouvoir compter sur davantage d’élus. Selon Marc Fesneau, secrétaire général de l’UDI, l’objectif est de doubler les 1.500 élus locaux que compte le MoDem actuellement. Pour l’UDI, selon son porte-parole Maurice Leroy, l’objectif est de devenir la première formation politique locale française, comme l’était par le passé l’UDF. «Jean-Louis Borloo gagne, lui, un crédit qu’il n’avait jamais eu au centre, poursuit un responsable centriste. Il peut également peser davantage face à l’UMP dans les négociations.»
Et celles-ci sont d’ores et déjà difficiles, puisque dans une quinzaine de villes grosses ou moyennes, l’unité du centre est mise à mal. A Marseille, Jean-Luc Bennahmias, vice-président du MoDem, veut mener une liste contre Jean-Claude Gaudin, soutenu par l’UDI. A Lille, le MoDem local a annoncé vouloir repartir avec Martine Aubry au grand dam des partisans de Jean-Louis Borloo. Idem pour la majorité sortante de gauche à Dijon.
Des frictions, des frictions, encore des frictions
D’autres cas sont sensibles, comme celui de Nantes où les deux conseillers municipaux d’opposition MoDem ont annoncé la semaine dernière préparer une liste d’union avec d’autres formations centristes et écologistes sans UDI… alors que le MoDem départemental veut l’union avec les borlooistes. A Toulouse, le MoDem local a quitté la candidate UDI Christine de Veyrac pour envisager une alliance directe avec l’UMP Jean-Luc Moudenc. Dans les Hauts-de-Seine, le MoDem ne veut pas entendre parler d’union avec l’UMP à Levallois-Perret (Patrick Balkany) ou Puteaux (Joëlle Ceccaldi-Raynaud), contrairement aux UDI.
«De toute façon, le scrutin le plus important c’est les européennes», élude Marc Fesneau. «Les conceptions locales ne peuvent pas dépendre totalement des conceptions nationales», avance Jean-Luc Bennahmias. Façon de dire que les contextes locaux devront être pris en compte. «Il va falloir faire comme pour l’association de pêcheurs d’Arrosons-les-Grioches, réagit Maurice Leroy. Quand un membre ne paye pas sa cotisation ou ne respecte pas les consignes, il est exclu. Faire alliance avec d’autres formations que l’UDI est difficilement acceptable.» La colocation s’annonce bien agitée.
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