POLITIQUEAffaire Bettencourt: Sarkozy libéré d’un poids pour un éventuel retour en politique

Affaire Bettencourt: Sarkozy libéré d’un poids pour un éventuel retour en politique

POLITIQUEL'ex-chef de l’Etat bénéficie d’un non-lieu dans l’affaire Bettencourt, mais pour revenir en politique, il devra encore franchir de nombreux obstacles...
M.P. avec AFP

M.P. avec AFP

C’est presque un marronnier. Le retour de Nicolas Sarkozy fait jaser ses supporters, ses contempteurs et la presse depuis son départ de l’Elyséeet avec l’obtention du non-lieu dans l’affaire Bettencourt ce lundi, les paris devraient repartir de plus belle. Car ce dossier était l’un des plus menaçants pour l’avenir judiciaire de l’ex-chef de l’Etat. «S'il veut revenir pour s'occuper de la France, il le fera en toute sérénité vis-à-vis des Français», s’est réjoui Nadine Morano ce lundi, estimant que le bon timing serait «en 2015». Sur Twitter, Roger Karoutchi se félicite également et pense déjà à l’avenir: «Pour ceux qui rêvaient empêcher un retour, déception, pour [des] millions [d’]électeurs de droite, espoir.» L’ex-chef de l’Etat a accueilli la nouvelle avec «une grande sérénité», a fait savoir son entourage sur I-Télé.

Nicolas Sarkozy, qui reste toujours le préféré des militants UMP, a toujours qualifié d’injuste et d’infondée cette mise en cause dans le dossier Bettencourt. Pour son entourage, cette incrimination était jugée «infamante». Il y avait eu l'impact personnel, «douloureux pour toute la famille», avait confié son épouse, Carla Bruni, jugeant «inimaginable que cet homme-là puisse abuser de la faiblesse d'une dame qui a l'âge de sa mère». Mais aussi et surtout les répercussions politiques.

Depuis son échec à la présidentielle, Nicolas Sarkozy n'a jamais dit explicitement qu'il voulait revenir en piste. Mais il n'a cessé de se rappeler au bon souvenir de ses amis et de ses adversaires, distillant petites phrases en privé, aussitôt répercutées dans toute la presse, et apparitions de plus en plus médiatisées.

La piste d’atterrissage pour un éventuel retour n’est pas dégagée

Exemple récent: sa sortie, en Haute-Savoie le 18 septembre, où il a parlé à la presse comme au temps où il était Président, lâchant «la petite actualité politique, je ne veux plus m'en occuper» et «la France, c'est autre chose». Puis ses prises de parole à Cannes et Nice le 27 septembre, où il ne s’est pas privé de critiquer François Fillon et ses idées. «C'est un drôle de programme de promettre les 39 heures payées 35, et la retraite à 65 ans. Bon courage à celui qui veut se faire élire là-dessus!» avait-il notamment taclé.

Une grosse activité en cette rentrée qui suit une longue cure de silence. Il semble que le succès remporté cet été, lorsqu’il a mobilisé la droite pour lever 11 millions d’euros afin d’éponger la dette électorale pour cause de comptes de campagnes insincères, l’a libéré. Le 8 juillet, pour son retour à l’UMP pour la première fois depuis sa défaite, il avait obtenu un tonnerre d’applaudissements des militants mais également fait grincer les dents de nombreux cadres avec un discours général sur la France et l’Europe. Et les chèques avaient afflué.

Mais si ses proches le décrivent comme «un lion en cage», qui se tient très au courant de toute l’actualité en dehors de ses conférences internationales grassement rémunérées, tous les nuages judiciaires ne sont pas pour autant dissipés: son nom reste cité dans plusieurs affaires (Karachi, Tapie, Kadhafi, sondages de l'Elysée). Et la liste de ses fidèles s’est amenuisée au fil des mois. François Fillon, lui, s’est clairement positionné comme un rival, lâchant dimanche dans Le JDD qu’il était «de facto en compétition avec Nicolas Sarkozy». En clair, la piste d’atterrissage pour un éventuel retour n’est pas tout à fait dégagée.