Avalanche de critiques envers Fillon après ses propos sur le FN
POLITIQUE•Le député UDI Hervé Morin a qualifié samedi de «vrai séisme» pour la vie politique française les propos réitérés de François Fillon sur le Front National...M.B.
La nouvelle ligne de François Fillon est loin de faire l’unanimité à droite. L'ancien Premier ministre UMP a maintenu vendredi à Nice ses propos controversés sur le sectarisme supposé de certains élus FN et PS, qu'il a renvoyés dos à dos, tout en critiquant le programme frontiste.
«Aux élections municipales, plus que dans toute autre élection, j'affirme que les électeurs sont bien placés pour juger, évaluer, choisir le plus compétent des candidats, et repousser par eux-mêmes et en conscience ceux qui sont sectaires...», a-t-il lancé, avant de préciser que frontistes et socialistes pouvaient faire partie de cette catégorie.
François Fillon n’a «pas changé d'avis»
Dans le même temps, François Fillon a répété n'avoir «pas changé d'avis» à propos du programme du Front national, qu'il a jugé «économiquement absurde et politiquement dangereux». «Aucune alliance n'est possible avec le Front national, mais je le dis, tous les dialogues sont nécessaires avec ses électeurs», a-t-il affirmé.
Si le changement de ton du leader du club politique Force républicaine, jusqu'alors connu pour sa modération et ses prises de position claires face au FN, est approuvé par 70% des sympathisants de droite dont 72% des sympathisants UMP et 69% de ceux du FN, selon un sondage BVA pour I-télé, l'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a critiqué samedi ce revirement dans un tweet où il juge que «le pacte fondateur» du mouvement était désormais «en cause».
«Alerte rouge», s’alarme Raffarin
«Alerte rouge», écrit également le sénateur de la Vienne, au lendemain du rejet par François Fillon à la fois du ni-ni (ni FN ni PS en cas de duel au deuxième tour, ce qui est la ligne officielle de l'UMP), et du front républicain (choix du candidat non-FN, ce qui a longtemps été la ligne des partis de gouvernement).
« Alerte rouge. Le vote #FN est une ligne de fracture pour l' #UMP. C'est notre pacte fondateur qui est en cause. — Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) September 14, 2013 »
Le député UDI Hervé Morin a qualifié samedi de «vrai séisme» pour la vie politique française les propos réitérés de François Fillon sur le Front National. «C'est un vrai séisme pour la politique française», a réagi l'ancien ministre auprès de la presse à Poitiers lors de la première université de rentrée de l'UDI (Union des démocrates et indépendants). «Avec un tel discours la droite va être dans l'opposition pendant 20 ans!», a ajouté le député de l'Eure pour qui François Fillon avait «essayé de doubler Nicolas Sarkozy sur le sujet».
Le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, a appelé l'UMP à la «clarté» samedi à Poitiers.
Le FN ironise sur l’appel du pied
De son côté, Gilbert Collard, un des deux députés FN, a ironisé sur un «appel du pied» de François Fillon qui fait que son parti «prend son pied». L'avocat, candidat aux municipales à Saint-Gillles (Gard), était interrogé, en marge de l'Université d'été du FN qui s'est ouverte samedi à Marseille : «L'UMP et le PS sont affolés parce que nos idées avancent. Ces danseurs de tango nous amusent avec leurs petits pieds aux souliers vernis qu'ils glissent, comme un grivois, sous la table», a assuré Gilbert Collard.
Marine Le Pen, présidente du FN, de son côté, a assuré dans la foulée que le «tête à queue» de François Fillon par rapport au Front national n'avait pas d'intérêt pour elle. «Je l'ai entendu pendant de nombreuses années tenir un discours radicalement différent. Il fait de la course automobile, on appelle ça un tête à queue».
Sans surprise, le chef de file des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé a jugé samedi «indignes et infâmes» les propos de François Fillon sur le Front national. Au PS, Harlem Désir avait réagi dès vendredi: «François Fillon persiste à vouloir légitimer des appels à voter pour le FN au cas par cas aux élections municipales (...) Avec sa nouvelle déclaration, (il) vient en réalité de faire le discours d'ouverture des universités d'été du Front national!»
Manuel Valls a estimé samedi que «c'est un barrage qui tombe et ce barrage est pour moi et pour les Républicains tout à fait insupportable».