De notre envoyé spécial à la Rochelle
Emmanuel Maurel, un des animateurs du courant Maintenant la gauche, analyse les sujets qu’il aimerait voir mieux traiter par le gouvernement et sa majorité.
Pourquoi les socialistes se mettent à parler d’immigration alors que les Français sont préoccupés par l’emploi et la crise?
La période estivale avait bien commencé puisque le président avait annoncé à plusieurs reprises que le cap stratégique des socialistes était la relance de l’emploi. J’attendais que nous soyons tous mobilisés pour accompagner le frémissement de la croissance et surtout que nous réfléchissions surtout à la façon de l’amplifier. Ces questions ont été occultées par des débats annexes sur la réforme pénale ou l’immigration. Des débats qui n’avaient pas lieu d’être. Car la question qui obsède nos concitoyens est de savoir comment on sort de la crise, comment on augmente le pouvoir d’achat. Il faut y répondre par la fiscalité et par la question des salaires.
Croyez-vous encore à la réforme fiscale qui semble enterrée?
J’y crois absolument. Et il y a un grand nombre de parlementaires qui veulent le remettre au cœur du débat à l’occasion du projet de loi de finances. A chaque nouveau problème on donne l’impression que l’on va créer un nouvel impôt alors qu’il aurait été plus simple de faire cette grande réforme fiscale promise. La fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu permettrait de résoudre la question de la fiscalité du capital, de la fiscalité écologique et qui remet de la progressivité dans l’impôt sur le revenu une réforme fiscale.
Comment le FN profite-t-il de la crise?
Le FN se nourrit de la crise mais aussi de l’impuissance des politiques de régler les vrais problèmes, notamment au niveau européen, Le FN se nourrit de nos renoncements, des renoncements de la social-démocratie européenne. A part en France, je ne vois pas une réelle volonté de combattre les politiques d’austérité. Ce que porte François Hollande est quand même radicalement différent de ce que disent
Angela Merkel et David Cameron.En revanche, c’est une chose de porter cette différence et de la porte en actes
Dans votre discours, vous avez évoqué des gouvernements européens, «plus effrayés par la colère des agence de notation que par celle des peuples»…
La crise politique est une crise par rapport à la souveraineté. Les gens pensent que les hommes politiques n’ont plus de prise, à part peut-être pour maintenir l’ordre et faire le mariage gay. Mais pour mettre au pas les banques il n’y a plus personne. Quand au niveau européen, la troïka et la commission reviennent sur les décisions des parlements nationaux, cela pose des problèmes de souveraineté politique incroyable. Il y a aussi un problème d’indifférenciation entre la droite et la gauche. Quand la politique se résume à une bataille de chiffres, nous allons tous dans le mur. Les Français ont envie que des projets de société s’affrontent. Il faut que l’on soit fier d’être socialiste, on s’excuse d’être de gauche.
A la tribune de l’Université d’été, les interventions montrent un satisfecit plutôt consensuel. Est-ce que ce ne serait pas au contraire le bon moment pour débattre de l’action du gouvernement?
Je ne sais pas. C’est un moment de retrouvailles entre les socialistes qui doivent renforcer leur unité contre la droite et l’extrême droite. Mais, oui le peuple de gauche se pose des questions. Si ces universités n’ont pas mis ces questions au cœur de ses travaux, vous verrez que la rentrée les remettra sur le devant de la scène. Il y aura des moments-clés . D’abord les propositions du gouvernement sur les retraites. Deuxième temps fort: le projet de loi de finances où l’on confrontera nos points de vue. Je plaide pour une relance par l’investissement et par la consommation.