Charles de Courson, incorruptible ou redresseur de torts partisan?
POLITIQUE – Le président de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac est au cœur d’une controverse depuis une semaine…Matthieu Goar
«Intransigeant», «intègre», «jusqu’au-boutiste», «insensible aux pressions»… A croire ses proches, Charles de Courson est un travailleur rigoriste, insensible à l’esprit partisan. Bref, l’homme idéal pour présider la commission d’enquête sur le rôle joué par l’exécutif dans l’affaire Cahuzac qui anime l’été de l’Assemblée. «En réunion de groupe, on a tous voté à l’unanimité pour lui. La question ne se posait même pas», résume Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis, dont le parti, l’UDI, est à l’origine de cette commission d’enquête.
>> Suivez la nouvelle audition de Jérôme Cahuzac sur 20minutes.fr à partir de 17h15
Depuis une semaine, patatras… La belle image de «l’incorruptible» député de la Marne , membre tatillon de la commission des finances, est fracassée par la gauche. Dans une lettre, Pierre Moscovici, qui a longtemps affronté De Courson au sein de la Cour des comptes, attaque l’infaillibilité du centriste. «Vous tentez de donner chair à une thèse politique, développée avant même le début de votre enquête», écrit le ministre de l’Economie. Najat Vallaud-Belkacem embraye, se dit «assez surprise de la façon dont se comporte M. de Courson dans cette affaire», s’étonne «de le voir courir les plateaux de télévision».
«Une charge coordonnée» de la majorité
La gauche est remontée. De Courson a commis, sur France 2 et dans les colonnes du Figaro, le crime de lèse-majesté de douter de François Hollande. Sous les projecteurs, ce député de l’ombre affirme avoir «les preuves que le président a été parfaitement informé». «Cela fait 20-25 ans qu’il fait de la politique et il chercherait maintenant la publicité. C’est ridicule. Il s’est exprimé pour répondre aux pressions qui commençaient à naître de la part des députés PS de la commission», défend Lagarde qui y voit «une charge coordonnée» de la majorité.
De Courson est une figure de l’Assemblée nationale peu connue du grand public. Centriste, partisan d’une gestion rigoureuse des finances publiques, l’homme a soutenu Bayrou en 2007 avant de se ranger derrière Nicolas Sarkozy en 2012. Au sein de la commission des finances, il a combattu les budgets étrangers de la Polynésie, donc la gestion de Gaston Flosse, un proche de Jacques Chirac, et a été un des premiers à dénoncer l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie dans l’affaire du Crédit Lyonnais. «Depuis tout ce temps, il se laisse enfermer dans un comportement personnel de redresseur de torts. Il y aurait les instances politiques, celles de la justice et une troisième juridiction qui serait De Courson», ironise Thierry Mandon. Le député de l’Essonne et porte-parole du groupe PS estime que De Courson mène une «croisade» et qu’il faut «revoir les règles des commission d’enquête afin que leurs membres ne s’expriment pas publiquement avant la fin des travaux.
De Courson, un des premiers à douter de Cahuzac
Dans l’affaire Cahuzac, Charles de Courson a été un des premiers députés à douter de l’innocence du ministre. «Au sein de la commission des finances, beaucoup de députés sont amis et très proches. Au début de l’affaire, ils ont tous été affectés et ont défendu Cahuzac. Lui a dit. ‘Attendez, ce n’est peut-être pas si simple’», confie un membre de la commission des finances.
Depuis la semaine dernière, De Courson a été un des principaux partisans de la nouvelle convocation de Cahuzac. L’ancien ministre viendra s’expliquer sur la réunion du 16 janvier à l’Elysée, principal «faille dans la muraille de Chine», selon un proche de De Courson. «Le PS veut nous faire croire qu’il est partisan. Mais il n’a jamais hésité à aller contre son camp, par exemple dans l’affaire Tapie. Et je suis bien placé pour savoir qu’il est impossible de le faire changer d’avis. Croyez-moi que s’il avait des éléments pour exonérer l’exécutif, il en tiendrait compte», conclut Lagarde.