UMP: y aura-t-il une nouvelle élection pour la tête du parti? Pas sûr
•Y aura-t-il une élection en septembre pour la présidence de ...© 2013 AFP
Y aura-t-il une élection en septembre pour la présidence de l'UMP, comme le prévoit l'accord passé entre Jean-François Copé et François Fillon? Rien n'est moins sûr, même si aucun des deux rivaux ne se risquerait à être le premier à annoncer son abandon.
Officiellement, MM. Copé et Fillon s'en tiennent à l'accord passé entre eux le 18 décembre, pour mettre fin à la grave crise générée par l'élection controversée du premier à la présidence du parti un mois plus tôt, et qui avait écorné leur image dans l'opinion.
Selon cet accord, Jean-François Copé restait président de l'UMP, sa direction devenait collégiale (et pléthorique) et une nouvelle élection était programmée pour septembre.
Depuis, la donne a changé, tant au sein du parti qu'en dehors. Pour de nombreux responsables et cadres de l'UMP, «Copé tient bien la boutique» (même si certains fillonistes, dénoncent «une parti verrouillé») et se concentre sur les municipales de 2014, multipliant les réunions publiques à travers la France.
L'ancien Premier ministre, qui vient de lancer sa propre formation, Force républicaine, a, lui, l'esprit clairement tourné vers la primaire de 2016 en vue de la présidentielle, comme le montre l'intense activité qu'il déploie avec son «tour de France à l'écoute des Français» pour préparer un «projet politique d'alternance».
Surtout, les militants font savoir qu'ils n'ont aucune envie de rejouer la mauvaise pièce de l'automne dernier et plaident pour le rassemblement.
«Est-il vraiment nécessaire que nous revotions, alors que l'objectif principal aujourd'hui, ce sont les municipales?», s'interrogeait fin février Philippe Rapeneau, le secrétaire départemental du Pas-de-Calais, en accueillant M. Copé à une réunion publique à Arras.
Mais «un accord est un accord. Il doit être respecté dans son intégralité», a martelé François Fillon mardi dernier, lors du comité stratégique hebdomadaire du parti. Le président de l'UMP dit peu ou prou la même chose.
Voilà pour «les postures officielles», comme les qualifie un proche de Copé. «En réalité, c'est plus complexe», estime le même, «tant que Fillon ne dit pas s'il sera candidat ou non, la stratégie publique consiste à rappeler qu'il y a un accord». François Fillon a indiqué à plusieurs reprises qu'il prendrait sa décision en juin.
Aucun des deux rivaux n'a intérêt à sortir du bois le premier et se retrouver dans la position de celui qui rompt le pacte. Ayant chacun tout à gagner ou tout à perdre dans un combat à l'issue incertaine, ils pèsent le pour et le contre.
La victoire leur assurerait à l'un comme à l'autre une légitimité incontestable à la tête du parti. Une défaite, au contraire, signerait pour le perdant «la fin de ses ambitions politiques», comme le soulignent plusieurs responsables du parti.
Mais «Fillon ne peut pas se dérober», selon ses proches (Baroin, Pécresse notamment), sauf à se discréditer pour ce qui risquerait d'apparaître comme un manque de détermination de sa part.
«Il y aura une élection», assure un autre filloniste... Mais pas forcément avec Fillon, ajoute ce dernier, en allusion à Laurent Wauquiez. Le vice-président filloniste de l'UMP, à qui beaucoup à droite prêtent du «talent», brûle de se mesurer à Copé, lequel n'aurait en revanche aucune envie de placer son cadet à son niveau. «Les idées de Fillon doivent être représentées» en septembre, répète le député-maire du Puy-en-Velay et fondateur de la Droite sociale. Mais pour l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et soutien de Copé, une nouvelle élection ne peut avoir lieu que si l'on rejoue le match Copé/Fillon.
D'autres (Brice Hortefeux, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire) réfléchissent à une porte de sortie «honorable» dont Wauquiez ferait les frais mais qui pourrait convenir au couple Copé/Fillon: Profiter du congrès virtuel (par internet) prévu vers la fin mai pour faire entériner les nouveaux statuts du parti en posant une question supplémentaire aux militants. Voulez-vous ou non d'une nouvelle élection? S'ils répondaient non, tant Copé que Fillon auraient beau jeu de se plier à la volonté de leurs troupes.