Les dossiers qui attendent Bernard Cazeneuve

Les dossiers qui attendent Bernard Cazeneuve

POLITIQUE – Le nouveau ministre du Budget n’aura aucun répit avant de se mettre au travail…
Matthieu Goar

Matthieu Goar

Invité par les médias à évoquer son nouveau rôle, Bernard Cazeneuve a demandé un peu de temps pour se faufiler dans le costume de Jérôme Cahuzac. «Je vais me faire pendant quelques jours, quelques semaines, pendant de longues heures, papivore. Je vais lire pour intégrer la matière que je ne maîtrise pas aussi bien qu'il la maîtrisait», a-t-il expliqué sur Europe 1 avant de demander au journaliste ne pas l'interroger «sur le taux de TVA des cravates». Travailleur, cet énarque très apprécié par François Hollande devra très vite s’atteler à la tâche.

Les dossiers de court terme

Dès vendredi, Bernard Cazeneuve assistera à un Conseil de défense sur le Livre blanc. Un rendez-vous attendu par tous les militaires qui attendent le budget des forces armées avec inquiétude. Le nouveau ministre du Budget devra naviguer entre la vision rigoriste de Pierre Moscovici et les arguments de Jean-Yves le Drian qui ne voudra pas se froisser avec les différents états-majors. Ces derniers ont l’impression d’être négligés par l’Etat alors qu’ils perdent des hommes au Mali. Virile entrée en matière pour Cazeneuve qui connaît bien la chose militaire puisqu’il a été maire du port militaire de Cherbourg. A Matignon, on souligne que «plusieurs mois de travail ont déjà eu lieu sur le sujet» et que le nouveau ministre s’insèrera très vite. «De toute façon, ce n’est pas à cette réunion que seront décidés les principaux arbitrages», souligne le proche d’un ministre concerné.

La préparation du budget

Ce Conseil de Défense ne sera pour Bernard Cazeneuve qu’un avant-goût des multiples réunions programmées avec les différents ministres. A cause des perspectives de croissance, l’Etat doit en effet économiser 5 milliards d’euros en plus des 10 milliards de réduction des dépenses prévue chaque année du quinquennat. Le nouveau ministre devra apprendre à dire «non» aux fortes personnalités du gouvernement qui cherchent à préserver leur pré-carré, malgré les lettres de cadrage qui leur ont demandé des efforts. «Il y a effectivement un certain nombre de réunions programmées mais on va s’organiser. En tout cas, ça ne marque pas un temps d’arrêt», plaide un conseiller de l’Elysée. Bernard Cazeneuve, inflexible mais moins cassant humainement que son prédécesseur, pourra s’appuyer sur la confiance de François Hollande qui l’apprécie beaucoup.

La négociation de moyen terme

Bernard Cazeneuve, déjà à la manœuvre sur le Traité puis le budget européen, va de nouveau passer du temps dans les couloirs de Bruxelles. La France négocie en ce moment un délai d'un an pour ramener son déficit public sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2014 plutôt que cette année comme elle s'y était engagée. Ce dialogue doit aboutir avant mi-avril. A Matignon, on explique que c’est plutôt Pierre Moscovici «qui est en première ligne et a les contacts». Mais Cazeneuve sera à ses côtés, comme pour la taxe à 75%, retoquée par le Conseil constitutionnel. Sur ce sujet, le gouvernement attend l’avis du Conseil d’Etat dans les prochains jours.

A l’Automne

Cazeneuve découvrira la joie des dizaines d’heures de discussion en commission et en séance pour expliquer le budget. Un art dans lequel excellait Jérôme Cahuzac. «C'est un ministère qui implique énormément d'humilité et étant quelqu'un qui ne s'exprime sur les choses que du moment qu'il les maîtrise, je prendrai le temps de les maîtriser», a- prévenu le ministre sur les ondes d’Europe 1. L’ancien maire de Cherbourg s’était plutôt bien sorti de ce genre d’exercice lors de l’épineux débat sur le Traité européen, rejeté par une partie de la gauche.