Affaire Cahuzac: Le parquet de Paris demande une enquête judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale
JUSTICE•L'analyse menée sur l'enregistrement «renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu», estime le parquet...E.O.
Le parquet de Paris annonce ce mardi requérir une information judiciaire notamment pour le chef «de blanchiment de fraude fiscale». L’instruction vise une personne «non dénommée». Cependant, l’analyse menée sur l’enregistrement fourni à la justice «renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu».
«Trois témoins, à qui les enquêteurs ont fait écouter l'enregistrement, ont dit reconnaître la voix de Monsieur Jérôme Cahuzac et un témoin des "intonations de la voix"», poursuit le parquet dans un communiqué.
Des sommes «proviendraient de laboratoires pharmaceutiques»
Le parquet souligne par ailleurs qu'un témoin «a indiqué qu'il lui avait été rapporté que les sommes versées sur (un) supposé compte (en Suisse) proviendraient de laboratoires pharmaceutiques». Le parquet de Paris a ainsi requis également l'ouverture d'une information judiciaire, toujours «contre personne non dénommée» des chefs de «perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit».
Compte en Suisse
D'après Mediapart, le ministre du Budget aurait ouvert sans le déclarer un compte dans la banque suisse UBS, avant de le clôturer en 2010 et de transférer les sommes à Singapour «par le truchement d'un complexe montage financier offshore». Jérôme Cahuzac dément ces faits, et a porté plainte en diffamation.
Le site d'information s'appuie notamment sur un enregistrement datant de 2001, dans lequel un homme parle d'un compte en Suisse. «Ca me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques», déclare cette personne, identifiée par Mediapart comme étant Jérôme Cahuzac. L'intéressé, lui, affirme que la voix enregistrée n'est pas la sienne.
L'Elysée et Matignon se sont refusés dans l'immédiat à commenter ce rebondissement, susceptible de placer le ministre dans une position comparable à celle de son prédécesseur UMP, devenu ministre du Travail, Eric Woerth. A moins que Jérôme Cahuzac ne démissionne de lui-même pour ne pas embarrasser le gouvernement. Pris dans des démêlés judiciaires, Eric Woerth avait perdu son poste à l'occasion d'un remaniement gouvernemental, en novembre 2010. La classe politique, elle, attend dans son ensemble des explications d'un ministre qui avait affirmé dans l'hémicycle de l'Assemblée ne jamais avoir eu de compte en Suisse.