Les clefs pour comprendre l'affaire Ziad Takieddine et Karachi
AFFAIRE•Résumé de ce dossier tentaculaire où les noms de proches de Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur sont mentionnés...Anne-Laëtitia Béraud
Ziad Takieddine, l'un des principaux protagonistes de l'affaire de corruption présumée lors de la présidentielle de 1995, qui éclabousse plusieurs proches de Nicolas Sarkozy, attaque de nouveau ce mercredi l'ancien président de la République.
Comment a débuté cette affaire ?
En mai 2002, un attentat tue 14 personnes à Karachi, au Pakistan, dont onze Français de la Direction des chantiers navals (DCN) qui travaillaient sur la construction de sous-marins vendus à Islamabad. Après la piste Al-Qaïda, la justice se penche sur l'hypothèse de représailles pakistanaises après que Jacques Chirac, alors président de la République, a décidé en 1995 l'arrêt du versement de commissions liées au contrat sur la vente de sous-marins au Pakistan.
>> La chronologie de l'affaire Karachi à lire par là
>> Le diaporama des protagonistes de l'affaire Karachi par ici
Quel rôle impute-t-on à Ziad Takieddine dans cette histoire ?
Des juges d'instruction financiers parisiens enquêtent sur un éventuel détournement des commissions liées à des contrats d'armement au Pakistan (sous-marins Agosta) mais aussi en Arabie saoudite (frégates Sawari II) via des sociétés écran, au profit de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. L'intermédiaire en contrats d'armement Ziad Takieddine a été plusieurs fois auditionné et mis en examen dans ce dossier, notamment à propos d'importants retraits en espèce sur des comptes étrangers entre 1994 et 1996. Le 5 avril 2012, les juges financiers ont obtenu l'élargissement de leur enquête à de possibles faits de blanchiment aggravé de 1993 à mars 2012.
Takieddine, proche du pouvoir et qui a longtemps eu ses entrées à l’Elysée, admet être intervenu pour le contrat avec l’Arabie saoudite Sawari II, mais nie tout rôle avec le Pakistan et l’affaire Karachi. Plusieurs témoins ont toutefois affirmé que cet homme de l’ombre avait été imposé à la dernière minute, avec un autre homme d’affaires, Abdul Rahman El-Assir. Dans ce dossier tentaculaire mêlant pouvoir et argent, l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres a été mis en examen, de même que deux proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert (qui a été condamné).
Pourquoi le nom de Nicolas Sarkozy apparaît-il?
Ministre du Budget d'Edouard Balladur en 1995, Nicolas Sarkozy était également directeur de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, qui est soupçonné d’avoir bénéficié de fonds secrets pour sa campagne en 1995. Pour l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi, maître Olivier Morice, Nicolas Sarkozy était forcément «au cœur de la corruption». «Une fable», a déjà rétorqué le chef de l'Etat.
>> Qui est Ziad Takkiedine, lire son portrait
Pourquoi Ziad Takieddine attaque-t-il Nicolas Sarkozy ?
Ce n’est pas la première fois que Ziad Takieddine attaque Nicolas Sarkozy. Ce mercredi, il affirme détenir les preuves que la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy a été en partie financée par la Libye, selon des informations du Parisien. Entendu le 19 décembre par le juge Renaud van Ruymbeke, Ziad Takieddine aurait affirmé que l’aide de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Nicolas Sarkozy pendant la campagne pour l’élection présidentielle 2007 s’est élevée à plus de 50 millions d’euros. Un coup de pouce qui aurait été particulièrement abondant «en décembre 2006 et janvier 2007».
Pourquoi et comment l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy est mis en cause ?
Pour l’homme d’affaires Ziad Takieddine, plusieurs rencontres ont eu lieu entre le secrétaire particulier de Mouammar Kadhafi, Béchir Saleh, et Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Des comptes rendus de ces rencontres auraient été rédigés, prouvant un lien entre les Français et les Libyens. Ces documents seraient d’ailleurs en possession du dernier Premier ministre libyen de Kadhafi, Mamouhdi Bagdadi. L’homme d’affaires aurait également révélé avoir les preuves que le régime de Kafhafi a aidé la France par l’intermédiaire de «trois sociétés» qui auraient «bénéficié en Libye de contrats pour des prestations fictives», détaille l’intermédiaire. Une couverture leur permettant de percevoir d’importantes sommes.
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