Congrès du PS: Désir endosse le costume et mobilise la gauche
POLITIQUE•Le discours de clôture du nouveau Premier secrétaire a été longuement applaudi...De notre envoyé spécial à Toulouse, Matthieu Goar
Il y avait les petites phrases lâchées par les sceptiques: «Il n’a pas la carrure, il sera transparent.» Et celles des optimistes. «La fonction va le transcender, il va vous surprendre.» Dimanche, lors de son discours de clôture du Congrès, Harlem Désir a endossé le costume de Premier secrétaire. A la fois rassembleur des différents courants, offensif contre la droite mais aussi mobilisateur pour son parti sur les combats à venir (droit de vote des étrangers, mariage homosexuel), Désir a trouvé un ton. «A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis: vous allez être surpris!», a lancé l’ancien président de SOS Racisme.
Au lendemain des discours de Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, la tâche n’était pas simple pour le nouveau Premier secrétaire. Au bout d’un discours d’une heure, les militants, debout, l’ont acclamé pendant de longues minutes. Désir a su créer l’envie. En citant les grandes figures du socialisme (Jaurès, Blum, Mitterrand) mais aussi en mettant l’accent sur ses combats personnels: l’Union européenne ou l’unité de la République mise en danger, selon lui, par la droite.
«Je dis à la droite: si vous imitez le Front national, vous trahissez la tradition républicaine de votre propre famille politique, vous trahissez Mandel, vous trahissez De Gaulle, vous trahissez-même Chirac», analyse-t-il avant d’évoquer un Fillon qui «à chaque fois qu’il fait une proposition déchire une page du code du travail», d’ironiser sur la tente de Khadafi dans les jardins de l’Elysée ou des avions de Ben Ali et de Takieddine. De quoi rassurer les socialistes qui décrivent depuis des mois un PS atone dans la contre-offensive à la droite.
Les combats à venir du PS
Désir vante ce gouvernement socialiste, cite les ministres (Valls, Montebourg, Peillon), déroule les mesures déjà mises en place et soutient Ayrault, l’un des passages obligés de tout discours socialiste ce week-end. «Jean-Marc, la droite t’attaque parce que tu es un honnête homme, un vrai militant qui a la justice sociale chevillée au corps, et un grand Premier ministre de gauche», déclare Désir. «Oui nous nous battrons pour l’application des 60 propositions de François Hollande», poursuit-il.
Même celles où le gouvernement semble tâtonner? «Oui, nous donnerons le droit de vote aux élections locales! C’est une promesse, c’est une question de dignité républicaine, d’égalité et de fraternité. (…) Oui, nous ferons la loi sur le non-cumul des mandats …» Ovation de la base du parti qui doute parfois des volontés de l’exécutif d’accélérer sur ces dossiers. Attentif à l’équilibre du parti, un exercice où François Hollande excellait, Désir s’engage sur des propositions de la motion 3, celle de la gauche du PS: le projet de loi sur l’égalité salariale ou encore la mise en place de grandes conventions participatives comme la démocratie sociale.
«Socialistes, ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino et invitez-y les Français ! Prenez le pouvoir», harangue Désir qui ambitionne un PS «riche de toute la diversité de la société» mais aussi «boussole» de la France. «Harlem doit maintenant être le relais entre la société et le gouvernement. Vous doutez de lui mais je suis sûr qu’il arrivera à trouver sa place dans la majorité», explique un ministre.