POLITIQUELe Front de gauche espère capitaliser sur le traité budgétaire européen

Le Front de gauche espère capitaliser sur le traité budgétaire européen

POLITIQUELa Fête de l'Humanité est le premier coup d'envoi de la mobilisation contre le texte qui sera examiné au mois d’octobre...
Maud Pierron

Maud Pierron

Le PCF fait sa rentrée politique et festive ce week-end avec la fête de l’Humanité, à La Courneuve, la première du quinquennat d’Hollande. L’occasion pour le parti de la place du Colonel Fabien d’accueillir ses alliés du Parti de gauche, mais aussi des autres formations de gauche avec qui les relations sont plus ou moins tendues: le NPA, Europe-Ecologie- Les Verts et le PS. C’est que cette 77e édition s’ouvre dans un contexte politique et social particulier: la lutte contre le traité budgétaire européen et les mesures d’austérité imposés par un gouvernement de gauche. «La fête sera un grand moment de débat à gauche», a d’ores et déjà annoncé Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF).

«C’est une manifestation qui permet de remobiliser en profondeur après le ressac normal observé après la présidentielle», explique Jean-François Grond, ex-cadre du NPA, qui a rejoint le Front de gauche après la présidentielle avec près de 40% des troupes du parti anticapitaliste. «La mobilisation contre le traité européen, c’est l’un, si ce n’est le grand pari de cette rentrée», abonde Eric Coquerel, l’un des bras droits de Jean-Luc Mélenchon qui mise beaucoup sur la journée de mobilisation du 30 septembre. «Le Traité budgétaire sera présent dans tous les ateliers», insiste-t-il et des débats seront organisés avec des membres de l’aile gauche du PS, comme Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Vincent Placé et Pascal Durand, pour les écologistes.

«Nouvelle étape»

Evidemment, le Front de gauche rêverait de rééditer l’exploit de 2005, quand toute la gauche radicale avait mené une grande campagne contre le traité constitutionnel, qui avait finalement été rejeté par les Français. Mais la donne est bien différente: il n’y a pas de référendum, et il n’y a qu’un mois pour parvenir à mobiliser les Français. «C’est une façon de délégitimer ce traité», explique Coquerel qui veut expliquer aux Français qu’aucune politique de gauche n’est possible en ratifiant ce traité.

Et après une année rythmée – phagocytée - par les scrutins, le Front de gauche va également devoir trouver une manière de fonctionner en dehors de l’enjeu électoral. D’abord, pour coordonner les actions et les différentes déclarations – voire pour éviter les inévitables dissensions, le bureau politique hebdomadaire entre tous les responsables des différentes composantes du FG mis en place durant la campagne présidentielle est reconduit. «Le mouvement n’a que deux ans. Nous avons fait cet été une université d’été ensemble et nous ouvrons une nouvelle étape avec l’élargissement», plaide Eric Coquerel.

Récolter les fruits de l’impopularité du gouvernement

«On ne doit pas apparaître comme un cartel de courants politiques mais accueillir tous ceux qui n’ont pas d’attaches politiques particulières et qui veulent une alternative radicale à gauche», prévient de son côté Pierre-François Grond. Dans le viseur, les centaines de milliers de personnes qui ont, par exemple, assisté à des meetings de Jean-Luc Mélenchon durant la campagne présidentielle, par exemple. «Nous sommes persuadés de pouvoir rassembler la gauche autour contre le traité. C’est le gouvernement qui prend le risque de diviser la gauche», assure Eric Coquerel.

Depuis la rentrée, de nombreux ateliers thématiques sont mis en place pour réfléchir aux différents enjeux: licenciements, Europe, écologie, etc. La gauche du PS veut accompagner les différents «fronts sociaux» qui vont s’ouvrir. Car, en cette période où «la température politique et sociale monte», selon Pierre-François Grond, le Front de gauche veut apparaître comme «la voie alternative» évidente au PS. «On avance pas à pas. Mais il y a la nécessité de la construction d’un recours à gauche pour récolter les fruits inévitables de l’impopularité du gouvernement et que ce ne soit pas l’extrême droite et la droite qui en profite», pointe l’ex-bras droit d’Olivier Besancenot.