PS: Forces et faiblesses d'Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis
POLITIQUE•L'un de ces deux hommes devrait succéder à Martine Aubry...Maud Pierron
On connaîtra mardi soir au plus tard le nom du futur Premier secrétaire. En effet, le premier signataire de la motion Aubry-Ayrault, qui s'annonce ultra-majoritaire, sera l'heureux élu. Et les motions seront déposées mardi en conseil national.
Harlem Désir, le candidat naturel
Le CV: Agé de 53 ans, l’eurodéputé (depuis 2004) est n°2 du PS depuis 2008. Lors du congrès de Reims, il avait soutenu Bertrand Delanoë et par souci d’ouverture, Martine Aubry l’avait pris à ses côtés. Mais si Harlem Désir est connu, c’est surtout pour son engagement au sein de SOS-Racisme. Il est président de l’association entre 1984 et 1992 et il contribue à en faire un des organismes phares du monde associatif dans les années 80, aux côtés de Julien Dray. Harlem Désir a fait ses classes, comme beaucoup, à l’Unef, le syndicat étudiant. Pourtant, après son départ de SOS-Racisme, Harlem Désir adhère d’abord à Génération écologie, avant de rejoindre le PS en 1994.
Le point fort: Il est le n°2 du parti, et sa désignation marquerait une continuité rassurante avec une période bénie pour le PS: le parti est (a peu près) rassemblé, la rénovation est en marche et le PS a engrangé des victoires. C’est le principal argument des pro-Désir. Son intérim durant les primaires socialistes, quand Martine Aubry s’était mise en retrait, a convaincu. Notamment du côté des «hollandais», pour sa neutralité affichée. Ils mènent campagne pour lui.
Le point faible: Certains le trouvent un tantinet trop rigide, pas assez charismatique, ou encore pas assez offensif alors que le futur Premier secrétaire devra défendre vaillamment la politique du gouvernement et attaquer la droite. Et l’eurodéputé a été condamné en 1998 pour un emploi fictif dans une association à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 francs (4.500 euros) d'amende. Mais surtout, Harlem Désir n’est a priori pas le candidat de Martine Aubry. Qui lui reproche justement son intérim durant les primaires. Or, Martine Aubry est à la manœuvre… avec Jean-Marc Ayrault et François Hollande.
La cote: Elle est remontée en flèche la semaine dernière. A La Rochelle, Jean-Christophe Cambadélis semblait prendre le dessus sur son rival. Mais un lobbying intense des proches de François Hollande, qui ne veulent pas entendre parler de la candidature de Jean-Christophe Cambadélis. Plusieurs ministres, dont des poids lourds du gouvernement (Peillon, Valls, Moscovici, Batho), se sont prononcés en sa faveur.
Jean-Christophe Cambadélis, l'habile stratège
Le CV: A 61 ans, «Camba» a un CV garni. Il a d’abord adhéré au Parti communiste lambertiste PCI, dont il restera membre jusqu’en 1986… Entre-temps, il est passé par l’Unef, qu’il a présidé entre 1980 et 1984, après avoir eu un rôle déterminant des les manifestations étudiantes à la fin des années 70. En 1986, il adhère au PS et en 1988, il obtient l’investiture à Paris, où il devient député en 1988. Il est défait en 1993 mais retrouve son fauteuil en 1997 dans la 19e circonscription de Paris. Au PS, il commence par se faire connaître pour son combat contre le FN (avec Le Manifeste contre le Front national) et garde toujours un lien avec les syndicats et les associations. Il se rapproche également de Lionel Jospin (lui aussi un ex-trotskyste), dont il sera le porte-parole lors de la campagne présidentielle de 1995. L’ex-Premier ministre l’installe ensuite, en 1997, à la place de n°2 du PS, aux côtés de… François Hollande. Mais l’homme est surtout réputé pour avoir été le lieutenant de Dominique Strauss-Kahn.
Le point fort: Bon connaisseur (un peu trop peut-être?) des arcanes du parti, Cambadélis ne cesse de mettre en avant son côté rassembleur et de répéter qu’il est à l’artisan de la gauche plurielle à la fin des années 90. Une expérience indéniable aujourd’hui, dit-il, alors que la majorité va, selon toute vraisemblance, tanguer d’ici à la fin de l’année. Et face à Harlem Désir, réputé pour parler la langue de bois en langue vivante, il est plus incisif dans ses interventions médiatiques.
Le point faible: Pour certains, il est trop manœuvrier, trop dans les intrigues des coulisses de Solferino. Lui aussi a des casseroles judiciaires: il a été condamné en 2000 à cinq mois de prison avec sursis et 100.000 francs (15.244,902 euros) d'amende pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire Agos. Il est également l’un des protagonistes de l’affaire de la Mnef, qui lui a valu en 2006 une condamnation à six mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour emplois fictifs. Mais son plus gros handicap reste le tir de barrage des proches de François Hollande.
La cote: Après être parti en tête, avoir paradé à La Rochelle, où il a reçu le soutien de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, il semble patiner sur la fin. Mais l’homme ne s’avoue jamais vaincu et il a toujours un coup de billard à trois (huit?) bandes en tête.