NouveautéOn a assisté à l’enregistrement du nouveau podcast Code noir

Podcast : La fiction Code noir se plonge dans l’histoire trop méconnue de l’esclavagisme en Martinique

NouveautéLa fiction « Code noir » permet de se replonger dans la Martinique du XVIIIe siècle où l’esclavagisme fait régner la terreur
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Ce lundi est publié le podcast Code noir, les révoltés du Gaoulet, une fiction inspirée de faits réels dans la Martinique du XVIIIe siècle.
  • Du nom d'une danse, le Gaoulet prend désormais la forme de soirées secretes où les esclaves noirs s’émancipent de leurs propriétaires blancs et où une révolte s'organise.
  • Les six épisodes d’une vingtaine de minutes sont à découvrir sur La Première et sur toutes les plateformes de streaming.

Au cœur des studios d’Aubervilliers, ce lundi de décembre, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est chronométré pour l’enregistrement du podcast Code noir, une fiction historique sur l’histoire de l’esclavagisme dans la Martinique du XVIIIe siècle. Pourtant, si les comédiens et le réalisateur Vincent Hazard ainsi que son équipe doivent aller vite, tous les détails sont pensés. Par exemple, cette scène entre le maître, Braguin, et l’esclave devenu major, Titus… après plusieurs prises, il faut la retourner. Le comédien portait encore ses chaussures pour jouer un esclave et on risque le faux raccord.

Les sons sont également tous réfléchis. Pour faire entendre la canne à sucre, on utilise des poireaux et du céleri. Un petit espace avec des feuillages a même été aménagé au fond du studio pour faire entendre les bruits des champs de canne à sucre. Mais certains sons doivent aussi être le plus réalistes possible et montrer la violence du récit. Dès le début, l’auditeur est plongé dans la violence de la période historique par les bruits. Les marquages au fer des esclaves, les coups de fouet et les scènes de viol. « Nous ne pouvons pas ne pas montrer la violence, avance Vincent Hazard. Il y a un contrat moral quand on commence à parler de l’esclavagisme. Si on ne raconte pas la violence, ça serait édulcoré le propos et ça serait contre-productif ». Alors le parfait dosage entre le malaise et l’insoutenable est calculé. « Il faut que les gens aient conscience de ce quotidien du chaos, sans que ce soit rebutant ».

Montrer « le quotidien du chaos »

Justement, le quotidien est ici celui de quatre personnages principaux qui racontent chacun une vision différente de l’histoire. Il y a Jeanne, la jeune esclave de 16 ans qui subit les viols de son maître, Braguin, mais qui est maline et résignée à s’enfuir. Elle est aidée par sœur Camille, un personnage de religieuse combative et un peu rebelle. Ainsi que les deux autres esclaves de Braguin, Amadi qui tentera de s’émanciper et Titus, devenu major mais toujours à la merci de son vieux maître. « S’ils ont tous un point de vue différent sur cette situation, ils sont tous humains avec leurs qualités et leurs défauts. Ils ont chacun une humanité et l’idée c’est de questionner l’auditeur : "Et vous vous auriez été qui selon votre couleur de peau" », commente le réalisateur.

Aucun de ces personnages n’a pourtant existé, même s’ils sont très inspirés des archives existantes et du travail de l’historienne Myriam Cottias. Les faits, eux, sont bien réels, notamment le procès du Gaoulet, du nom d’une danse qui a aussi pris la forme de soirées secrètes où les personnes esclavagisées se retrouvent à l’abri des regards des propriétaires blancs qui les exploitent. « L’idée était de montrer le quotidien du mal. Car au jour le jour dans cette terreur, il y a une vie », note Vincent Hazard.

Des personnages complexes et attachants

Défi réussi car on se prend au jeu, l’ambiance du Gaoulet nous fait oublier les scènes de violence dans les champs. Quant aux personnages, on s’y attache même s’il faut s’accrocher car ils sont nombreux et ont tous leurs contradictions. Braguin est à la fois détestable et totalement fragile par sa paranoïa. Sœur Camille offre une respiration, une sensibilité, tout étant exigeante et professorale. L’ambiance, elle, est lourde. Les sons du feu sur la peau des esclaves peuvent être insoutenables et en même temps nous plonge véritablement dans le chaos de l’époque.

Mais surtout ces six épisodes d’une vingtaine de minutes chacun permettent d’en apprendre plus sur l’histoire trop souvent oubliée de l’esclavagisme en Martinique. De quoi répondre aux parents qui se demandent s’« il ne faudrait pas mettre les cours d’histoire de mon enfant à la radio », nous répondrons par l’affirmatif en recommandant de brancher à l’enceinte le podcast Code noir.