podcastLes bourses étudiantes à bout de souffle ?

Les bourses étudiantes, un système à bout de souffle ?

podcastAlors que la précarité étudiante s’étend, les bourses étudiantes soulèvent de nombreuses critiques. Le système d’attribution est-il devenu obsolète ?
Jeanne Cerin

Jeanne Cerin


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Un paquet de pâtes à 15 centimes. Mila, étudiante en L2 STAPS à Paris, en glisse deux dans son sac de courses. Dedans, il y a déjà une bouteille d’huile d’olive, des tampons, un rouleau de papier toilette, du ketchup et quelques boîtes de conserve. « Là, c’est pour les trucs dont je peux avoir besoin, et qui se gardent longtemps. Ça me permet de tenir les mois qui sont plus compliqués, où je ne peux pas trop acheter », explique Mila dans notre podcast, la main dans son porte-monnaie. À la caisse, elle en aura pour 1,19 euro.

Ces épiceries s’appellent des AGORAé. Il en existe pour l’instant deux à Paris. Une troisième doit ouvrir prochainement dans le nord de la capitale (18e arrondissement). Elles sont toutes gérées par l’Association générale des étudiants de Paris, l’AGEP. Là-bas, les produits sont soit gratuits, soit remisés à plus de 90 % par rapport au prix du marché. De quoi faire profiter les adhérents : des étudiants en situation de précarité. Selon le ministère des Solidarités, 40 % des étudiants qui vivent seuls sont actuellement en situation de pauvreté.

Des courses à 15 euros par semaine

Dans ce podcast de Minute Papillon !, vous entendrez le témoignage de Lina Habra, présidente de l’AGEP. En tant que boursière depuis sa première année d’étude, elle a rencontré de nombreuses difficultés financières. Le montant de sa bourse ne lui suffisant pas, elle a rapidement dû trouver un travail étudiant le week-end. Du travail sept jours sur sept, entre job étudiant et révisions. Quant à son alimentation, elle admet ne pouvoir consacrer que 15 à 20 euros par semaine pour ses courses.

La situation de Lina Habra n’est pas isolée. Aujourd’hui, deux étudiants sur trois sont en situation d’extrême précarité. Une fois leurs factures payées (logement, charges, abonnement de transport, Internet et téléphonie), il leur reste moins de 50 euros pour subvenir à leurs besoins, selon une enquête de l’association Linkee.

Face à l’inflation, revaloriser les bourses

Face à ce constat, les associations et les syndicats étudiants réclament une réforme des bourses. Aujourd’hui, il existe 700.000 boursiers en France. Parmi eux, un tiers bénéficie de l’échelon 0bis, représentant une aide mensuelle de 100 euros. De quoi payer un abonnement transport pour ceux qui résident en Ile-de-France. C’est pourquoi une des premières revendications de l’organisation l’Alternative reste d’intégrer plus de personnes dans le système de bourse et d’augmenter leur montant.

« On demande au moins plus de 50 % de boursiers et une indexation par rapport à l’inflation », argue Éléonore Schmitt, secrétaire nationale de l’Alternative, dans ce podcast. Une mesure permettant d’intégrer les personnes dont le revenu des parents est actuellement jugé trop haut pour bénéficier des aides de l’Etat. Dans un contexte d’inflation, de nombreux parents ont dû réduire l’aide qu’ils fournissent à leurs enfants. Pour d’autres, ils n’ont plus de lien avec leurs ainés et ne reçoivent pas d’argent de leur part.

C’est pourquoi, corrélé à cette augmentation du nombre de boursiers, le système d’éligibilité est lui aussi remis en question. La Fédération des Associations Générales Etudiantes demande que le revenu des parents ne soit plus le critère d’éligibilité. Enfin, autre dysfonctionnement, le système d’échelons provoque actuellement des effets de seuils pouvant faire varier considérablement le niveau de bourse en fonction du revenu.

Promouvoir l’autonomie avec un revenu étudiant

Aussi, Éléonore Schmitt réclame « une linéarisation des bourses » pour pallier ces effets de seuil. Un système qui supprimerait les échelons et s’adapterait à la situation propre à chaque étudiant. Mais ces solutions restent des issues de court terme. Le syndicat milite surtout pour aboutir à la création d’un revenu étudiant universel. Une mesure qui reste en débat depuis plusieurs années.

Pour l’économiste à l’OFCE Guillaume Allegre, invité de ce podcast, la priorité reste qu’il ne faut plus que les bourses dépendent du revenu des parents. L’objectif est selon lui de créer une aide propre pour promouvoir l’autonomie des étudiants. Quant au montant de cette nouvelle allocation universelle, il met en garde contre les positions « maximalistes » : « C’est difficile de proposer un montant supérieur au RSA actuel, ça serait injuste ». Il invite aussi à inclure les systèmes de prêts dans les solutions existantes, jusque-là rejetés par les associations. Toutes les informations dans notre podcast, à écouter gratuitement ci-dessus.

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