C'est quoi le lâcher-prise et comment y parvenir ? Réponses avec le psychopraticien, Paul-Henri Pion
PODCAST•Pour notre rendez-vous « La Bulle », entretien avec le psychopraticien Paul-Henri Pion, sur la notion, souvent incomprise, du lâcher-priseAnne-Laëtitia Béraud
« Pourquoi tu t’énerves ? Pourquoi tu stresses ? Relax, LÂCHE PRISE ! ». Que ce soit votre amie, un personnel de santé, le boulanger, les réseaux sociaux ou un dernier bouquin à la mode, tout le monde conseille voire enjoigne à lâcher prise. Sauf qu’en plus d’une pandémie mondiale, il reste le travail à terminer, les papiers à remplir, le rendez-vous médical du petit dernier à fixer, l’appel à la banque à passer, la grand-mère à appeler, le plombier qui n’a pas envoyé de facture, la machine à laver à lancer et le frigo à remplir. Et qu’il serait commode de tout envoyer balader, la jouer « cool »… mais que c’est impossible !
Dans notre podcast « Minute Papillon ! » et notre rendez-vous du jeudi « La Bulle », où l’on parle de ce qui va bien, et parfois moins bien, nous allons évoquer la notion de lâcher-prise , parfois mal comprise.
Lâcher prise, une « hygiène de vie »
Dans cet épisode, Paul-Henri Pion, psychopraticien de thérapies brèves, auteur de plusieurs ouvrages sur le lâcher-prise, dont 50 exercices pour lâcher prise ( éditions Eyrolles), revient tout d’abord sur la définition de ce comportement : il s’agit de « rester acteur de sa vie : composer avec les contraintes, rebondir dessus (…) pour sortir du subir ».
A propos des injonctions au lâcher-prise, Paul-Henri Pion estime : « Si je suis "en prise", c’est qu’il y a de bonnes raisons. Si je lâche, la réception risque d’être douloureuse. » « Si lâcher prise est entendu comme une injonction (…) à se casser la figure, c’est dangereux. En revanche, si lâcher prise est compris comme "séduit la vie, séduit l’objectif que tu recherches pour qu’il arrive délicatement à toi", alors oui », affirme Paul-Henri Pion. Lâcher prise « est plutôt une attitude générale, une hygiène de vie », souligne le psychopraticien.
« Ce n’est pas, plus, une acceptation des agressions »
Cette attitude « nécessite des fonctions cognitives et émotionnelles opérationnelles » et Paul-Henri Pion conseille des exercices de respiration et de vision conscientes pour s’apaiser. Face aux contraintes extérieures, lâcher prise, « ce n’est pas s’opposer, refuser, nier, car [on va] s’épuiser inutilement. Il s’agit de composer, d’accueillir et rebondir, (…). Ce n’est pas, plus, une acceptation des agressions », ajoute Paul-Henri Pion.
Le psychopraticien évoque enfin la difficulté, parfois, de demander et de recevoir de l’aide d’autrui, et des moyens pour éviter l’affront, voire l’humiliation qui peut être ressentie.