Par tous les saintsEn France et en Espagne, des processions pour invoquer les dieux de la pluie

Sécheresse : De chaque côté des Pyrénées, des processions pour invoquer les dieux de la pluie

Par tous les saintsConfrontées à une sécheresse historique depuis deux à trois ans, plusieurs dizaines d’habitants du nord et du sud de la Catalogne se sont tournées vers les cieux pour faire tomber la pluie
Jérôme Diesnis

J.D. avec AFP

L'essentiel

  • A Barcelone et Perpignan, plusieurs dizaines de personnes ont participé à des processions derrière des statues du Christ ou de Saint-Gaudérique.
  • La Catalogne, côté espagnol et français, est touchée par une sécheresse historique depuis deux à trois ans, selon les endroits. Des millions de personnes sont menacées par le manque d’eau.
  • « On attache peut-être un peu plus de valeur et d’importance à ce qui est porté aujourd’hui par cette croyance, parce qu’on en a forcément bien besoin », précise un agriculteur.

A Barcelone, comme à Perpignan, plusieurs dizaines de personnes ont défilé ce week-end afin d’en appeler au ciel pour faire tomber la pluie. Une sécheresse historique touche la Catalogne, côté espagnol, comme les Pyrénées-Orientales, côté français. S’il a plu la semaine dernière, les réserves en eau y atteignent des niveaux historiquement faibles après deux à trois ans en situation de sécheresse critique, selon les endroits.

En Catalogne, les réservoirs sont à 14,4 % de leur capacité et plusieurs stations balnéaires de la Costa Brava, qui accueillent des millions d’estivants l’été, sont menacées de pénurie d’eau. Côté français, « les sols sont très secs, l’indice d’humidité sur le département est à un niveau record pour la saison, très déficitaire et correspondant aux valeurs normalement observées fin août au moment du minimum », expliquait Météo-France en février. A Céret, début février, le thermomètre a ainsi atteint 27,4 °C. « Il n’y a donc pas eu de recharge des sols superficiels depuis l’été. »

A Barcelone, la procession s’est déroulée en partie… sous la pluie. Portant des cierges et entonnant des prières, plusieurs dizaines de personnes emmenées par le cardinal archevêque de la ville, Juan José Omella, ont revêtu des tuniques noires traditionnelles de la confrérie. Elles ont accompagné la statue représentant le Christ crucifié, installée à la basilique de Santa María del Pi. Elle n’avait pas été transportée spécifiquement pour une procession destinée à appeler la pluie depuis le milieu du XXe siècle. Il s’agissait d’un point d’orgue après neuf jours de messes.

Troisième procession depuis 2023 à Perpignan

A Perpignan, en revanche, c’est la troisième fois depuis 2023 que la statue de Saint-Gaudérique a été transportée à pied jusqu’au milieu du lit du Têt. « Traditionnellement, à chaque fois qu’il y a une crise climatique, on y plonge les reliques de Saint-Gaudérique, pour demander la pluie si nécessaire », précise Jean-Luc Antoniazzi, historien et président de l’association culturelle de la cathédrale Saint-Jean.

La faiblesse du débit de ce fleuve côtier témoigne de la raréfaction de la ressource en eau. « On attache peut-être un peu plus de valeur et d’importance à ce qui est porté aujourd’hui par cette croyance, parce qu’on en a forcément bien besoin », estime Gérard Majoral, arboriculteur et maraîcher à Thuir.