étéIl y a de l’eau et le canoë-kayak n’est pas menacé, assurent les loueurs

Sécheresse : Il y a de l’eau dans les rivières et le canoë-kayak n’est pas menacé, assurent les loueurs

étéLa Fédération des loueurs de canoës-kayaks constate une certaine inquiétude parmi ses clients. A tort, car, disent-ils, on pourra pagayer, sans problème, cet été
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Malgré la sécheresse inédite qui a frappé le sud de la France, la pratique du canoë-kayak n’est pas menacée, selon la Fédération nationale professionnelle des loueurs de canoës-kayaks, qui assure que l’on pourra pagayer, cet été.
  • Selon Jeanne Nicollet, gérante d’une base dans l’Hérault, les restrictions promulguées régulièrement par les préfectures sont liées à une inquiétude sur l’approvisionnement en eau potable. Mais « l’eau des rivières, c’est différent. Les alertes liées à l’eau potable ne présument pas du niveau des rivières ».
  • Et le canoë-kayak est « une pratique qui est tout à fait possible, même quand le niveau des rivières est très bas, et sans aucun problème », reprend-elle.

Oui, il fait chaud, très chaud, et les départements du sud de la France ont fait face, ces derniers mois, à une sécheresse d’une ampleur inédite. Mais non, la pratique du canoë-kayak n’est pas menacée. La Fédération nationale professionnelle des loueurs de canoës-kayaks (FNPLCK) l’assure : cet été, on pourra pagayer, sans problème, sur les rivières.

Et si les loueurs le clament si fort, c’est parce qu’ils constatent qu’il y a une certaine inquiétude, parmi leurs clients. « Les gens nous appellent, et nous demandent "Est-ce que vous êtes ouverts, où est-ce qu’avec la sécheresse, vous avez été obligé de fermer ? Est-ce qu’on va devoir descendre du canoë, et le tirer ?", confie Jeanne Nicollet, gérante de Canoë Rapido, à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault) et trésorière de la FNPLCK. Et ce n’est pas du tout cas. On peut faire du canoë-kayak, dans de parfaites conditions. »



« Les gens disent "Il y a de l’eau ? A la télé, ils disent qu’il n’y a plus d’eau" »

Si les amateurs de descentes en canoë-kayak sont si soucieux, c’est en raison de l’emballement médiatique sur la sécheresse que traversent certains départements. Les restrictions mises en place ici et là, les robinets qui ne coulent plus dans les Pyrénées-Orientales… Les vacanciers pensent, aussi, que les rivières sont asséchées, que leurs balades tombent à l’eau. Alors que non ! « Les gens nous disent "Il y a de l’eau ? Parce qu’à la télévision, ils disent qu’il n’y a plus d’eau" », reprend Gilles Garros, le président de la FNPLCK, et gérant des Argonautes, une base de canoë-kayak à Ruoms (Ardèche).

Ainsi, sans nier le réchauffement climatique et ses effets dévastateurs, les loueurs de canoë-kayak invitent à ne pas se mélanger les pagaies. Car une enquête, menée auprès des loueurs en 2022, a révélé que l’impact principal sur la fréquentation était dû aux alertes répétées sur le manque d’eau, alors que dans leur quasi-totalité, les parcours restaient navigables. « On dit aux gens qu’il ne faut pas laver sa voiture, arroser son jardin, etc., poursuit sa consœur de l’Hérault. Il y a cette idée, qui rentre, petit à petit, dans la tête des gens, que l’on manque d’eau. Et c’est vrai, bien évidemment. Nous manquons d’eau. Et cette prévention-là, elle est très importante. Mais l’eau, c’est plus complexe qu’on ne le pense. L’eau potable, c’est autre chose que l’eau des rivières. »

« Les alertes liées à l’eau potable ne présument pas du niveau des rivières »

Les restrictions promulguées régulièrement par les préfectures sont liées à une inquiétude sur l’approvisionnement en eau potable, pointe Jeanne Nicollet. « Dans 95 % des cas, c’est une eau qui est puisée dans les nappes phréatiques. C’est un cycle long. C’est long à descendre, et c’est long à monter. Et s’il y a un problème cette année, c’est parce qu’il n’a quasiment pas plu cet hiver. L’eau des rivières, c’est différent. C’est un cycle court. S’il pleut, le niveau monte. S’il fait très, très chaud, le niveau descend. Les alertes liées à l’eau potable ne présument pas du niveau des rivières, ce sont deux choses différentes. »

Alors, certes, au mois de mai, le niveau était globalement bas, dans les cours d’eau. Mais en juin, il est remonté, avec les orages qui se sont abattus sur le Midi. « On a été un peu inquiet, il y a quelques semaines, confie Muriel Simon, gérante de la base de canoë du Moulin de la Malène, dans les gorges du Tarn. Mais là, on est rassuré. Il y a tellement eu d’orages, ça a fait beaucoup de bien. Le niveau d’eau est parfait, la rivière est magnifique. Comme quoi, il faut faire confiance à la Nature ! » Mais malgré tout, déjà, au printemps, quand les rivières étaient plus basses, on pouvait faire du canoë-kayak. « C’est une pratique qui est tout à fait possible, même quand le niveau des rivières est très bas, et sans aucun problème, reprend Jeanne Nicollet. En août, tous les étés, les niveaux sont faibles. Pourtant, c’est là que l’on fait nos chiffres d’affaires les plus importants. »


NOTRE DOSSIER SUR LA séCHERESSE

D’ailleurs, depuis 1986, date où elle a ouvert sa base, la gérante héraultaise n’a « jamais » fermé ses parcours en raison de la sécheresse. « Même en pleine canicule, en 2003. On a très bien fonctionné. Et on n’a jamais été proche de devoir fermer, assure-t-elle. On ferme, plutôt, quand il y a trop d’eau, en revanche. » Pas d’inquiétude, donc, cette année. « Il n’y a même pas eu besoin, pour l’instant, de mettre en place de soutiens d’étiage, qui consistent à envoyer de l’eau dans l’Ardèche, depuis les lacs réservoirs, explique Gilles Garros. D’habitude, c’est mis en place au milieu du mois de juin. Là, ça n’a pas été nécessaire, vu que le cours naturel de l’eau est déjà important. »