RECHAUFFEMENT CLIMATIQUEC’est acté, l’année 2024 sera la plus chaude de l’Histoire

Climat : C’est acté, l’année 2024 sera la plus chaude de l’Histoire à travers le monde

RECHAUFFEMENT CLIMATIQUEL’année 2024 sera bien la plus chaude jamais enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel, constate l’observatoire européen Copernicus
2024, année la plus chaude sur Terre jamais enregistrée par rapport à la période préindustrielle
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Le Service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus annonce lundi qu' « il est certain que 2024 sera l’année la plus chaude enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel ».
  • Novembre 2023 a été 1,62 °C plus chaud qu’un mois de novembre normal de l’ère préindustrielle, marquant le 16e mois sur 17 avec une anomalie de température supérieure à 1,5 °C par rapport à la période 1850-1900.
  • Les politiques climatiques actuelles sont insuffisantes pour limiter le réchauffement, l’ONU estimant que le monde se dirige vers un réchauffement « catastrophique » de 3,1 °C au cours du siècle, tandis que les catastrophes naturelles liées au climat ont déjà causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars en 2024, selon Swiss Re.

Après le deuxième mois de novembre le plus chaud dans le monde, « il est de fait certain que 2024 sera l’année la plus chaude enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel », annonce lundi le Service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus. L’année 2023 avait dépassé des records, devenant la plus chaude de l’Histoire.

Novembre, marqué par une succession de typhons dévastateurs en Asie et la poursuite de sécheresses historiques en Afrique australe ou en Amazonie, a été 1,62 °C plus chaud qu’un mois de novembre normal à l’époque où l’humanité ne brûlait pas du pétrole, du gaz ou du charbon à une échelle industrielle.

Les 16 derniers mois enregistrés avec une anomalie

Novembre est le 16e sur les 17 derniers mois à enregistrer une anomalie de 1,5 °C par rapport à la période 1850-1900, selon la base de données ERA5 de Copernicus.

Cette barre symbolique correspond à la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015, visant à contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Cet accord fait toutefois référence à des tendances de long terme : la moyenne de réchauffement d’1,5 °C devra être observée sur au moins 20 ans pour considérer la limite franchie.

En prenant ce critère, le climat est actuellement réchauffé d’environ 1,3 °C ; le Giec estime que la barre d’1,5 °C sera probablement atteinte entre 2030 et 2035. Et ce quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, proches du pic mais pas encore en déclin.

Les politiques actuelles emmènent le monde vers un réchauffement « catastrophique »

Selon les derniers calculs de l’ONU, le monde n’est pas du tout en bonne voie de réduction de sa pollution carbone pour éviter une très forte aggravation des sécheresses, des canicules ou des pluies torrentielles déjà observées, coûteuses en vies humaines et en impacts économiques.

Les politiques actuelles des nations emmènent le monde vers un réchauffement « catastrophique » de 3,1 °C au cours du siècle, voire 2,6 °C si les promesses de faire mieux sont tenues, selon l’ONU Environnement. Les pays ont jusqu’à février pour soumettre aux Nations unies la révision de leurs objectifs climatiques d’ici 2035, appelées « contributions déterminées au niveau national » (NDC).

Mais l’accord a minima de la COP29 fin novembre risque d’être invoqué pour justifier de faibles ambitions. Les pays en développement ont obtenu 300 milliards de dollars de promesse d’aide annuelle des pays riches d’ici 2035, soit moins de la moitié de leur demande pour financer leur transition énergétique et leur adaptation aux dégâts climatiques. Le sommet de Bakou s’est aussi conclu sans engagement explicite à accélérer la « transition » vers la sortie des énergies fossiles, approuvée à la COP28 de Dubaï.

En 2024, les catastrophes naturelles, alimentées par le réchauffement, ont causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars dans le monde, a estimé jeudi Swiss Re, le groupe suisse qui fait office d’assureur pour les assureurs.

Comment expliquer alors le nouveau pic en 2024 ?

En 2023, le phénomène naturel El Niño s’était combiné au réchauffement climatique d’origine humaine pour pousser les températures mondiales à un niveau record. Comment expliquer alors le nouveau pic en 2024 ?

L’année qui suit El Niño « est fréquemment plus chaude que la première » et après un pic autour de décembre-janvier « la chaleur se distribue au long de l’année », répond le climatologue Robert Vautard. Mais en 2024, « il est vrai que le refroidissement est très lent et les causes devront être analysées », ajoute-t-il.

« Pour le moment on reste dans les marges relativement attendues » des projections, mais si « les températures ne redescendent pas plus franchement en 2025, il faudra se poser des questions », dit-il, avant de s’envoler pour une session de travail du Giec à Kuala Lumpur.

Notre dossier sur le réchauffement climatique

Une étude publiée dans Science jeudi soutient qu’en 2023 la Terre a moins renvoyé l’énergie solaire dans l’espace, en raison d’une réduction des nuages de basse altitude et, dans une moindre mesure, de la diminution de la banquise.

En Antarctique, celle-ci se maintient à des niveaux historiquement bas sans discontinuer depuis 2023, note Copernicus, avec un nouveau record de fonte pour un mois de novembre.