expérimentationEn Gironde, une expérience pour priver les pins maritimes d’eau de pluie

Gironde : Ce site expérimental va priver les pins maritimes de pluie, pour mesurer leur réaction au réchauffement

expérimentationPrésenté ce mercredi près de Bordeaux, un dispositif « d’exclusion de pluie » sur une parcelle de 500 pins maritimes, vise à « simuler les précipitations que l’on aura à la fin du siècle, c’est-à-dire 60 % de moins au printemps et en été »
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Une expérimentation sur une parcelle de 500 pins maritimes, comprenant huit provenances différentes, va être menée à partir de 2025 pour une durée de dix ans, sur une forêt expérimentale à Floirac, près de Bordeaux.
  • L'expérimentation vise à priver cette mini-forêt « de 50 à 60 % de pluie, soit une quantité d’environ 200 ml, sur la période cruciale printemps-été. »
  • L’objectif est de mesurer « l’adaptation des forêts au changement climatique, dans des conditions extrêmes de sécheresse », explique Sébastien Gendry, adjoint au directeur de l’agence Landes Nord Aquitaine de l’ONF.

D’une dizaine de mètres de haut, la structure est posée sur la parcelle, où ont été plantés 500 pins maritimes en février 2023. Un toit rétractable se referma dès la première goutte de pluie, entre le 15 avril et la fin de l’été, pour priver les résineux des précipitations du printemps et de l’été.

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Ce dispositif, présenté ce mercredi sur une forêt expérimentale installée à Floirac, près de Bordeaux (Gironde), démarrera en 2025 pour une dizaine d’années. Porté par l’Office national des forêts (ONF), l’université de Bordeaux et l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et financé en partie par la région Nouvelle-Aquitaine et France Forêt Bois, l’expérimentation « d’exclusion de pluie » vise à « simuler les précipitations que l’on aura à la fin du siècle, c’est-à-dire environ 60 % de moins par rapport à aujourd’hui sur la période printemps-été, sachant que l’on devrait en avoir, à l’inverse, davantage en hiver » explique à 20 Minutes Sylvain Delzon, directeur de recherche à l’unité Biogeco de l’université de Bordeaux. « On veut contrôler les précipitations pour pousser les arbres à l’extrême. »

Huit provenances de pins maritimes testées

L’objectif final de l’expérimentation est de mesurer « l’adaptation des forêts au changement climatique, dans des conditions extrêmes de sécheresse » ajoute Sébastien Gendry, adjoint au directeur de l’agence Landes Nord Aquitaine de l’ONF. « Il existe divers outils d’anticipation du changement climatique, dont ClimEssences, un logiciel qui simule le comportement des arbres, qui nous prédit déjà que le pin maritime est plutôt bien adapté, poursuit Sébastien Gendry. Mais on veut voir in situ ce que cela va donner. Surtout, nous allons mener des tests sur différentes provenances de pins, qui n’ont pas toutes la même génétique. »

La plantation de 500 arbres comprend ainsi huit provenances de pins maritimes, « dont deux déjà identifiées en laboratoire comme plus résistantes à la sécheresse, une qui vient de Barcelone et l’autre, du Portugal », précise Sylvain Delzon. « Nous voulons déterminer les seuils à partir desquels ces différents pins décrochent totalement en cas de sécheresse, afin de pouvoir les classer par niveau de stress qui conduit au point de non-retour, avant de les préconiser aux sylviculteurs. »

Treize minutes pour se fermer

Concrètement, le toit mettra treize minutes à se fermer, dès lors qu’il détectera de la pluie. « Donc il recevra toujours un peu d’eau » précise Sylvain Delzon, qui admet que « l’on ne peut pas dire avec précision le taux de précipitation que l’on pourra exclure, puisque cela dépendra de la pluviométrie, variable d’une année sur l’autre ». C’est pourquoi « nous visons entre 50 et 60 % d’exclusion, soit une quantité d’environ 200 ml sur la période cruciale printemps-été. »

Une fois fermé, le toit restera en l’état « au moins deux heures ». « Et il se fermera aussi en cas de tempête. » En revanche, quand il ne pleut pas, « il restera ouvert, parce qu’on ne veut modifier ni la température ni le rayonnement ». Il sera complété par un système en surface, qui empêchera les eaux de pluies d’atteindre le sol, tandis qu’en profondeur, une tranchée permettra d’éviter le ruissellement des eaux à proximité.

« Nous testerons aussi un grand nombre de feuillus »

Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre du projet FORLand, Forest for Land, qui consiste à étudier la forêt en vue de l’adapter au réchauffement climatique. Plusieurs sites d’études ont été mis en place, dont le principal se situe sur l’ancien observatoire astronomique de l’université de Bordeaux, un terrain de 18 ha à Floirac, qui comprend 9 ha de forêt et cette forêt expérimentale.

Si, pour le moment, seuls des pins ont été plantés, « dès l’année prochaine nous testerons aussi un grand nombre d’espèces de feuillus, que nous commençons à planter dans les landes de Gascogne, dans le but de limiter les dégâts causés par les ravageurs, que ce soit les pathogènes ou les insectes, ajoute Sylvain Delzon. On veut savoir quel type et comment planter ces espèces, dans un sol sableux qui ne retient pas l’eau ».