Climat : Le méthane, ce gaz dangereux qui continue de souiller notre atmosphère
Désespérant•Les concentrations de ce gaz à effet de serre ne cessent de progresser sous l’effet de l’agriculture, des énergies fossiles et des déchets20 Minutes avec AFP
Il augmente considérablement, et c’est tout sauf une bonne nouvelle. Dans un contexte de réchauffement climatique qui s’accélère, les concentrations de méthane continuent de progresser à un rythme effrayant. D’après des scientifiques, ce puissant gaz à effet de serre est de plus en plus présent dans notre atmosphère. Et ce n’est pas les différents accords environnementaux qui l’en empêchent.
Car ces dernières années, la hausse ses concentrations dans l’air s’est même accélérée, menaçant clairement l’avenir de notre planète. « Le méthane augmente plus vite en termes relatifs que n’importe quel autre gaz à effet de serre majeur et est désormais à des niveaux 2,6 fois plus élevés qu’à l’époque préindustrielle », écrit une équipe internationale de scientifiques sous l’égide de l’organisation Global Carbon Project, dans une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters.
Le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine après le dioxyde de carbone (CO2). Si 40 % des émissions proviennent de sources naturelles, les 60 % restant sont évidemment à mettre au crédit des activités humaines. L’usage des énergies fossiles, le traitement de nos déchets, mais aussi l’élevage de ruminants ou la culture du riz sont autant de causes à sa prolifération. Un constat inquiétant, surtout lorsque l’on sait que son pouvoir de réchauffement est 80 fois plus important que celui du dioxyde de carbone (CO2). La bonne nouvelle, c’est que cette progression n’est pas irrémédiable. Avec une durée de vie plus courte, le méthane est présenté comme l’un des leviers les plus efficaces pour limiter le réchauffement climatique à court terme.
En Europe, c’est un peu mieux
Le problème, c’est que la trajectoire n’est pas la bonne. En 2020, on a ainsi atteint des valeurs records, doublant la moyenne de la décennie précédente. « Les émissions anthropiques ont continué d’augmenter dans presque tous les pays du monde, à l’exception de l’Europe et de l’Australie, qui montrent une trajectoire de lent déclin », souligne Pep Canadell, directeur exécutif du Global Carbon Project et coauteur de l’étude, basé à Canberra (Australie).
Alors comment faire ? D’après les scientifiques, il est impératif de réduire notre empreinte, notamment en limitant l’extraction du charbon, tout en réduisant l’utilisation du pétrole et du gaz. Côté alimentation, il faudra réduire notablement l’élevage des bœufs et des moutons, tout en surveillant nos décharges. Reste que certaines conditions climatiques ne sont pas maîtrisables. En 2020, la hausse des émissions avait notamment été accentuée par le phénomène de chaleur humide sous l’effet de la Niña.
Des promesses en l’air ?
Un « engagement mondial » a été lancé en 2021 par l’Union européenne et les Etats-Unis, pour réduire les émissions mondiales de méthane de 30 % d’ici à 2030 par rapport à 2020. Il regroupe aujourd’hui plus de 150 pays mais pas la Chine, l’Inde ni la Russie. Ces objectifs « semblent aussi lointains qu’une oasis dans le désert », juge Rob Jackson, de l’université de Stanford, auteur principal de l’étude. « Nous espérons tous qu’ils ne sont pas un mirage ».