Environnement: TotalEnergies visé par une plainte pour homicide involontaire
protection•Les plaignantes espèrent l’ouverture d’une enquête afin d’évaluer l’impact du géant mondial du pétrole dans le réchauffement climatiqueCamille Allain
L'essentiel
- Trois ONG et huit victimes du réchauffement climatique ont porté plainte contre la multinationale TotalEnergies.
- Les plaignants espèrent pointer du doigt les actions du géant du pétrole contribuant au réchauffement climatique.
- Huit particuliers s’estimant victimes du dérèglement sont associés à cette plainte.
La méthode est singulière. Ce mardi, trois ONG et huit victimes du changement climatique ont porté plainte contre TotalEnergies. L’originalité de la démarche réside dans les griefs reprochés au géant français du pétrole. Les plaignants ne se contentent pas de mettre en avant les atteintes à l’environnement, ils attaquent aussi la multinationale pour « mise en danger de la vie d’autrui », « homicide involontaire » et « abstention de combattre un sinistre ».
A leurs yeux, l’action – tout comme l’inaction – du groupe pétrolier a contribué à la mort de plusieurs personnes. TotalEnergies fait déjà l’objet d’une plainte pour homicide involontaire de la part de survivants ou familles de victimes de la sanglante attaque de Palma, au Mozambique.
Le géant, ses actionnaires et son PDG visés
Une action judiciaire orchestrée trois jours avant l’assemblée générale annuelle de TotalEnergies, prévue vendredi après-midi à La Défense, avec l’espoir d’obtenir l’ouverture d’une enquête et à terme, un procès. La plainte pénale vise notamment le conseil d’administration de TotalEnergies, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné et les principaux actionnaires « qui ont voté en faveur des stratégies climatiques pourtant incompatibles avec la limitation du réchauffement global à 2 degrés », rappellent les plaignants.
Les ONG Bloom, Alliance Santé planétaire et Nuestro Futuro (Mexique) et les huit particuliers estiment que le géant des hydrocarbures « a une responsabilité supérieure dans la destruction globale du monde tel que nous le connaissons », citant notamment la « hausse du niveau des mers et submersion des côtes, les vagues de chaleur meurtrières, les méga incendies, les ouragans dévastateurs, les inondations et les glissements de terrain ». Huit particuliers originaires d’Australie, du Zimbabwe, de France, de Belgique, des Philippines, de Grèce et du Pakistan sont associés à cette plainte.
Des rescapés qui ont tout perdu
D’après le communiqué, tous ont été des témoins proches du réchauffement climatique. On peut notamment citer Khanzadi, Pakistanaise de 25 ans dont la sœur a été emportée par les inondations en 2022, ou Jann, Australienne ayant échappé aux mégafeux qui avaient ravagé sa région en 2019 et 2020. Ou encore les Français William et Elisa, qui ont perdu leur mère lors de la tempête Alex qui avait frappé l’Europe en 2020. « Cette initiative cherche à mettre un terme définitif à l’expansion de l’extraction des combustibles fossiles, qui conduit à une situation sans précédent », dénoncent les plaignants, parlant d’un « globocide », c’est-à-dire une « perturbation irréversible du système Terre et de la biosphère dans son ensemble ».
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