Antarctique : La surface maximale de la banquise n’a jamais été aussi petite
CHANGEMENT CLIMATIQUE•Depuis 2016, les chercheurs enregistrent une tendance « brutale » à la baisse de la surface de la banquise20 Minutes avec agences
La banquise de l’Antarctique a atteint sa surface maximale pour l’année 2023… et celle-ci n’a jamais été aussi petite. C’est l’inquiétant constat ce lundi par le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), l’observatoire américain de référence.
Le 10 septembre, la banquise de l’Antarctique – qui fond en été et se reconstitue en hiver – a atteint « une étendue maximale annuelle de 16,96 millions de km² », selon le NSIDC. « Il s’agit du plus bas maximum pour la banquise dans les relevés allant de 1979 à 2023, et de loin. » En effet, cette étendue maximum est de 1,03 million de km² inférieure au précédent record.
Une tendance rapide à la baisse depuis 2016
En février, en plein été austral, la banquise antarctique avait atteint une étendue minimum record de 1,79 million de km². La glace s’est ensuite reformée à un rythme inhabituellement lent, malgré l’arrivée de l’hiver. Dans l’Arctique, la banquise a également atteint son étendue la plus basse pour l’année, à 4,23 millions de km², a annoncé le NSIDC, le sixième plus bas en 45 ans de données.
Durant plusieurs décennies, la banquise de l’Antarctique était restée stable, voire s’étendait légèrement. « Depuis août 2016, la tendance […] a pris un virage brutal à la baisse, durant quasiment tous les mois » de l’année, explique le NSIDC. « Le record de diminution de la banquise est pulvérisé », a ajouté Walt Meier, spécialiste au NSIDC. « La croissance de la glace semble faible sur la quasi-totalité du continent et non dans une seule région. »
Des effets dévastateurs actuels et futurs
Le sujet fait débat parmi les scientifiques, qui rechignent à établir un lien formel avec le réchauffement climatique. Mais cette tendance depuis 2016 apparaît désormais « liée au réchauffement de la couche supérieure de l’océan », écrit le NSIDC. « Il existe une inquiétude selon laquelle il pourrait s’agir du début d’une tendance de long terme de déclin de la banquise antarctique, sachant que les océans se réchauffent mondialement. »
La fonte de la banquise n’a pas d’impact immédiat sur le niveau de la mer. Mais la banquise blanche réfléchit plus les rayons du Soleil que l’océan et sa perte accentue ainsi le réchauffement climatique. Cette perte expose en outre davantage les côtes de l’Antarctique aux vagues, ce qui pourrait déstabiliser la calotte glaciaire, constituée d’eau douce. Sa fonte provoquerait une montée catastrophique du niveau des océans.
La fonte de la banquise antarctique a déjà un effet désastreux sur la faune, notamment sur les manchots empereurs, selon une étude publiée en août dans la revue Communications : Earth & Environment. Sur cinq colonies de ces oiseaux surveillées dans la région de la mer de Bellingshausen, toutes sauf une ont subi une perte « catastrophique » de 100 % de poussins, qui se sont noyés ou sont morts de froid lorsque la glace a cédé sous leurs pattes en raison de la fonte précoce de la banquise.
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