Tout savoirComment Météo-France établit un record de température ?

Canicule : Mais comment Météo-France établit et certifie un record de température ?

Tout savoirUne « classification environnementale » existe pour chacune des stations, qui diffère selon des paramètres de mesure
20 Minutes avec AFP

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Mardi, dans le village de Puget-Théniers (Alpes-Maritimes), les thermomètres affichaient 41,8 °C. A priori un nouveau record absolu pour le département. Mais non, la station se situe près de surfaces bétonnées, ce qui invalide le chiffre, illustrant ainsi les critères drastiques appliqués par Météo-France pour établir des mesures fidèles aux normes internationales.

Or, l’enjeu est de taille, car les mesures des plus de 500 stations de Radome, le réseau d’observation au sol en temps réel de Météo-France, viennent ensuite alimenter celui de l’Organisation météorologique international (OMM) et de ses quelque 10.000 stations disposées aux quatre coins du globe. Et suivant les normes de l’OMM, le service français de météorologie applique une « classification environnementale » pour chacune de ses stations. Rentre donc en compte dans sa nomenclature le vent, les précipitations, les températures, l’humidité, le rayonnement, etc.

Des critères extrêmement précis

Ainsi, un site de classe 1 sera considéré comme un site de référence, tandis qu’un site de classe 5 sera un site où des obstacles proches créent un cadre inapproprié à l’établissement de mesures censées être représentatives d’une zone étendue (d’au moins quelques dizaines de kilomètres carrés).

Pour la température et l’humidité, « les capteurs à l’intérieur de l’abri doivent être installés à une hauteur standard de 1,5 m », rappelle-t-on à Météo-France. « Un site de classe 1 doit être situé sur un terrain plat et horizontal, avec un sol recouvert de végétation naturelle basse (inférieure à 10 cm) représentative de la région », ajoute-t-on.

Autres critères pour obtenir la meilleure classification : « Le point de mesure doit être situé à plus de 100 mètres de chaleurs artificielles ou surfaces réfléchissantes (bâtiments, aires bétonnées…), à plus de 100 m d’étendues d’eau (sauf si elles sont significatives de la région), à l’écart de toute ombre portée lorsque la hauteur du soleil est supérieure à 5°. »

Ainsi, la station du village de « Puget-Théniers ne fait pas partie de la liste de stations fiables du fait de la présence à proximité de surfaces bétonnées et de rochers » pouvant provoquer une légère surchauffe.

46,0 °C, le record absolu établit en France

Cela ne signifie pas que les valeurs soient pour autant à mettre au placard. La célèbre station parisienne de Montsouris est de classe 4 mais « fait partie des stations sur lesquelles nous communiquons étant donné la longévité de la station (1872) et sa localisation (Paris intra muros) », explique le service météo national.

« Le choix de la fiabilité d’une station se fait en partie en fonction de la classe environnementale, mais aussi d’autres facteurs : réseau de la station (Météo-France ou partenaire), analyse par les prévisionnistes, étude photographique, etc. », précise-t-on.

« Si un site dispose de plus de 30 ans de mesures continues de la température, alors Météo-France peut communiquer sur un éventuel record » (mensuel ou « absolu », c’est-à-dire tous mois confondus), en prenant aussi en compte « la cohérence spatiotemporelle de la donnée avec des mesures voisines ». Pour Météo-France, la température la plus élevée jamais relevée en France est ainsi de 46,0 °C à Vérargues (Hérault) le 28 juin 2019.

Mais pour les principaux records mondiaux, les critères sont encore plus drastiques avant toute homologation par l’OMM, qui a le dernier mot après de longues vérifications. Ainsi les 54,4 °C mesurés à Furnace Creek (Californie) le 16 août 2020 et le 9 juillet 2021, potentiellement troisième plus forte chaleur jamais mesurée sur la Terre, sont toujours en cours d’examen. « Les capteurs 2020 et 2021 de la Vallée de la Mort ont été démontés et expédiés à un laboratoire d’essai et d’étalonnage indépendant. L’un des tests a été effectué et nous attendons le second », a expliqué lundi le rapporteur de l’OMM sur les extrêmes météorologiques et climatiques, Randy Cerveny.