A Nantes, une "Villa déchets" pour mettre le recyclage à l'honneur
•Construire de toutes pièces, isoler, meubler et décorer une "Villa ...© 2010 AFP
Construire de toutes pièces, isoler, meubler et décorer une "Villa Déchets" à partir de palettes en bois, de chips de polystyrène, de cartons, de papier recyclé, de gobelets usagés... c'est le défi de deux créateurs nantais souhaitant relancer le débat sur le recyclage de manière inédite.
"En 2005, une +scrap house+ a été construite à San Francisco mais elle n'était pas habitable. Nous avons voulu faire une maison durable et réellement habitable", explique Frédéric Tabary, architecte d'intérieur et co-concepteur de cette "Villa Déchets" avec Yann Falquerho, scénographe.
Le chantier, qui n'aura duré que 35 jours - 20 jours de collecte et 15 jours de construction - s'achève avec le mois de novembre.
La maison, située sur l'île de Nantes dans le centre-ville, sera habitée chaque nuit de décembre par une famille différente, ayant acquis aux enchères sa nuitée.
Des centaines de volontaires, encadrés par une dizaine de salariés, se sont succédés pour aider à l'élaboration du projet tout en apprenant comment créer des murs isolants en remplissant de chips de polystyrène une structure de palettes ou bien en fabriquant des briques en papier mâché.
Des designers se sont aussi lâchés, créant des meubles exclusivement à partir de matériaux de récupération dont certains seront ensuite produits en série par l'un des partenaires de l'opération, Maisons du Monde.
Des toits isolés avec des panneaux frigorifiques récupérés, des bardages de bois patinés récupérés sur des caisses de transports en gros de fruits et légumes, puis légèrement lasurés, des abats-jours en gobelets de plastiques... Sur le plan des matériaux, apparemment, pas de difficultés pour se fournir de quoi monter les quatre éléments de la villa.
"Elle a son propre chauffage, une rampe d'accès pour les handicapés et elle est composée de trois modules reliés ensemble par un wagon, le tout surmonté d'un belvédère", explique Frédéric Tabary.
Mais il reconnaît que l'encadrement et la formation de volontaires, changeant tous les jours et n'ayant pas nécessairement les compétences énoncées ou l'envie d'obéir strictement aux instructions, ainsi que des initiatives parfois farfelues, ont constitué autant de difficulté.
"L'aspect humain, oui, cela a été difficile, mais on en tiendra compte pour les prochaines éditions avec sans doute plus de salariés pour encadrer les volontaires", ajoute-t-il.
Nantes en effet n'est que le premier pas de la "Villa Déchets". Des petites soeurs bien plus grandes encore sont déjà promises et programmées à Paris, à la Villette à l'automne 2011, puis à Bruxelles en 2012 et à Marseille en 2013.
Les nuitées de décembre ont été vendues samedi avec l'aide de l'un des parrains de l'opération, l'acteur Bruno Solo. Les acquéreurs contribuent par leur achat à financer Ecopôle, réseau local d'associations agissant pour l'environnement et le développement durable.
Début janvier, la "Villa", construite pour être transportable, sera donnée à Ecopôle pour devenir son siège social à Nantes. Pour Eric Tabary, "la Villa Déchets va devenir le symbole du développement durable à Nantes".
L'association de Frédéric Tabary et Yann Falquerho, Tabakero, avait déjà fait parlé d'elle à l'automne 2009, avec la "Villa Hamster", un lieu où les hôtes d'un soir ont tout pour se croire dans la cage d'un rongeur.