Dans ses bagages, Gilles Rigole est revenu d’Allemagne avec deux trophées particulièrement encombrants. Un personnage de 50 centimètres et six kilos, d’une marque danoise très connue à la coupe au bol. Et un trophée en forme d’étoile, qui fait sa fierté. Le 13 janvier, à Stuttgart, le directeur du camping de Massereau a obtenu l’Award de l’Adac (Club automobile allemand général), dans la catégorie Développement durable et sensibilisation à l’environnement. Sacrée récompense. Ils étaient plus de 5.000 établissements européens sur la ligne de départ à tenter de décrocher l’un des sept prix décernés par cette institution née en 1903, qui revendique 21 millions d’adhérents à travers ses multiples activités. Le camping de Sommières, dans le Gard, est le seul élu en France.

Le domaine Massereau, c’est l’histoire d’une diversification contrainte et réussie. Au milieu des années 2000, le monde viticole est en crise. En juin 2008, à Montpellier ; 7.000 vignerons descendent dans la rue pour hurler leur désespoir. « Des exploitations sont en perdition, des revenus en chute de 40 à 50 % parfois… des pans entiers de l’économie des départements du Languedoc Roussillon sont frappés de plein fouet, tandis que des drames humains sont en train de se nouer », alerte alors dans une question au Gouvernement, le sénateur socialiste de l’Aude, Roland Courteau.

L’objectif à l’origine était de « sauver le domaine viticole, tout en respectant la terre »

« On a fait ce choix de créer l’activité du camping pour sauver le vignoble familial que nous continuons à exploiter en parallèle. C’était une question de survie à l’époque », souligne Gilles Rigole. Mais pas question de faire n’importe quoi. « Nous voulions un camping haut de gamme et respectueux de l’environnement, où les gens ne seraient pas entassés les uns sur les autres. On est des gens de la terre, on la respecte ». Dès 2010, le camping indépendant devient le premier, en France, à obtenir la cinquième étoile décernée par l’Adac. Et en 2017, il obtient la classification 5 étoiles Adac Superplatz. En gros, ce qui se fait de mieux dans le domaine de l’hôtellerie de plein air.

Des lecteurs de cartes permettant de réguler l’utilisation des climatiseurs ou du chauffage, aux arrosages au goutte-à-goutte alimenté par de l’eau agricole non traitée, en passant par les économiseurs d’eau sur tous les robinets : les responsables du camping ont tenté de mettre la préservation de l’environnement au cœur de leur projet. Mais la grande innovation qui leur a permis de décrocher l’Award, c’est cette ferme photovoltaïque de 1.000 m2. « Elle nous permet d’être le premier camping d’Europe autonome en énergie électrique », détaille Gilles Rigole.

Désormais, le personnage ramené de Stuttgart accueillera les clients dans le camping. Et l’Award sera accroché sur l’une des façades du camping. Histoire de rappeler que dans ce camping pas comme les autres, l’écologie « demeure une priorité »