VIDEO. Espèces invasives en France: Mascotte des soldats américains, le raton laveur «cause des dégâts» en Auvergne
ENVIRONNEMENT•Introduites accidentellement par l’homme, ou volontairement mais sans réfléchir aux conséquences, les espèces invasives sont l’un des premiers facteurs de perte de biodiversité dans le monde. Y compris en France… Exemple en Auvergne-Rhône-Alpes avec le raton laveur…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Classé nuisible en France par un arrêté ministériel du 30 juin 2015, le raton laveur est notamment présent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
- Le petit carnivore « progresse rapidement et est en train d’envahir tous les milieux favorables », précise notamment la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) en Auvergne.
Comment le raton laveur, animal originaire d’Amérique du nord, a-t-il pu faire son apparition en Auvergne dès la fin des années 1970 ? Directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux ( LPO) dans cette région, Jean-Christophe Gigault opte pour « un ou des individus échappés d’une captivité ». Le foyer étant situé autour d’Issoire (Puy-de-Dôme), les observateurs du petit carnivore songent pour le parc animalier d’Auvergne, situé à Ardes-sur-Couze, à une vingtaine de kilomètres de là.
« L’espèce progresse rapidement et est en train d’envahir tous les milieux favorables. On est certain aujourd’hui de ne plus pouvoir arrêter cette invasion », constate Jean-Christophe Gigault, qui recense 429 signalements au total, dont 404 sur les dix dernières années.
« Le raton laveur fait du mal à la concurrence indigène »
S’il privilégie généralement le milieu forestier, le raton laveur est capable de se satisfaire du milieu urbain. Il est décrit comme « une espèce nocturne solitaire et un omnivore opportuniste, se nourrissant de poissons, de graines, de céréales… et même de croquettes pour chats », comme l’indique le directeur de la LPO d’Auvergne, en se penchant sur les observations les plus atypiques dans la région.
Comme pour toute la faune exotique envahissante, son impact sur la biodiversité est très surveillé. « Le raton laveur fait du mal à la concurrence indigène en empiétant notamment sur la nourriture des martres ou des fouines, explique Gérald Goujon de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) en Auvergne. Il se nourrit de tout et comme il est peu farouche, il cause en plus des dégâts dans les champs de maïs, de céréales et dans les poulaillers. »
a« On voit parfois des gens qui proposent sur Le Bon Coin un raton laveur »
Autrefois très prisé outre-Atlantique pour la valeur de sa fourrure, cet animal garde une forme d’attractivité en France. « Il est interdit d’en détenir mais on voit parfois des gens qui proposent sur Le Bon Coin un raton laveur comme animal domestique, confie Gérald Goujon. Les gens s’en occupent un peu puis le relâchent dans la nature. Ce n’est pas une espèce désagréable et il a une bonne image auprès du grand public, notamment car il est la mascotte des GI américains. »
aC’est justement par ce biais qu’il s’est introduit en Picardie, le deuxième bassin de population de cet animal en France, derrière l’Alsace-Lorraine et devant l’Auvergne. Des soldats américains et canadiens affectés sur la base militaire de l'Otan dans l'Aisne ont lâché ou abandonné des ratons laveurs à leur départ de l’Hexagone en 1966.
« Un gros enjeu de préservation de la biodiversité »
Observé à la fois dans le Puy-de-Dôme, dans l’Allier puis dans le Cantal et en Haute-Loire, le raton laveur fait aussi son apparition depuis quelque temps dans la Loire. « On peut supposer que ces individus viennent de l’important foyer auvergnat, indique Cyril Forchelet, conservateur de la réserve naturelle des gorges de la Loire. On ne connaît pas encore trop son impact mais c’est un gros enjeu de préservation de la biodiversité pour nous que de limiter son expansion. »
Afin d’y parvenir, ce membre de la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) évoque « des piégeages, une surveillance précise et une communication avec la population locale ». Classé nuisible en France par un arrêté ministériel du 30 juin 2015, le raton laveur a donc décidément moins la cote que le super-héros de l'univers Marvel, Rocket Raccoon, inspiré par le Rocky Raccoon des Beatles sorti il y a tout juste 50 ans.