Des militants inquiets pour leur sécurité pour la COP28 à Dubaï

COP28 : Des militants inquiets pour leur sécurité aux Emirats arabes unis

DICTATUREUne nouvelle fois, la COP de cette année a lieu dans un pays qui ne respecte pas les droits humains
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des défenseurs des droits humains s’apprêtent à faire entendre leur voix lors des négociations mondiales sur le climat la semaine prochaine aux Emirats arabes unis, avec la crainte d’être surveillés, voire arrêtés par les autorités du pays hôte.

La monarchie pétrolière du Golfe, où les manifestations sont rarement autorisées, a affirmé que les défenseurs de l’environnement pourront se « rassembler pacifiquement » dans des zones désignées sur les lieux de la Conférence de l’ONU sur le climat (COP28), un vaste complexe en plein désert de la banlieue de Dubaï. Mais ces assurances, assorties de la promesse de négociations « inclusives », n’ont pas suffi à rassurer les militants décidés à soulever les questions liées aux droits de l’homme.

« Il y a aussi des inquiétudes plus globales sur l’ampleur de la surveillance », affirme Asad Rehman de la Coalition pour la justice climatique, qui prévoit des actions sur le terrain. Il souligne aussi l’accès des autorités à des technologies de surveillance « des communications numériques ».

Les Emirats arabes unis, une fédération regroupant sept émirats, interdisent les manifestations non autorisées, ainsi que les critiques à l’encontre de ses dirigeants et tout propos susceptible d’encourager des troubles sociaux. L’homosexualité y est proscrite. La diffamation et les insultes verbales ou écrites, qu’elles soient publiées ou prononcées en privé, sont également passibles de poursuites judiciaires tout comme le fait d’offenser un Etat étranger.

Les LGBTQ+ priés de rester discrets

En 2020, un Jordanien résident dans le pays a été condamné à dix ans de prison pour avoir critiqué la famille royale et le gouvernement jordaniens sur Facebook, selon Human Rights Watch (HRW). HRW et Amnesty International accusent les Emirats de détenir au moins 64 de leurs ressortissants pour des raisons politiques, notamment Ahmed Mansoor, surnommé « le dernier défenseur des droits de l’homme » des Emirats. Arrêté en 2017, il a été condamné l’année suivante à dix ans de prison pour diffusion de fausses informations sur les médias sociaux et atteinte à la réputation de l’Etat, en vertu d’une loi sur la cybercriminalité.

Dans un document adressé spécifiquement aux participants issus de la communauté LGBTQ+, il est demandé à « tous les visiteurs et résidents de respecter les valeurs culturelles et sociétales » du pays. Un autre recommandant aux journalistes de ne pas publier d’informations pouvant « offenser directement ou indirectement le régime en place » ou « porter atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale » a été publié le mois dernier puis supprimé. Il s’agissait d’un « vieux guide », dont le « contenu est obsolète et n’est pas pertinent pour les médias » participant aux négociations sur le climat prévues du 30 novembre au 12 décembre, a expliqué l’équipe émiratie de la COP28.

Une zone gérée par l’ONU pour les manifestations

Les manifestations, fréquentes lors des précédentes COP, avaient été autorisées lors de la dernière conférence de l’ONU sur le climat en Egypte, où les autorités répriment régulièrement les manifestations et arrêtent arbitrairement les activistes. Cette année, les rassemblements devraient être confinés dans la « zone bleue » de la COP28, un espace géré par l’ONU et non par les autorités locales. « Aucune action, aucun événement de la société civile n’aura lieu à l’extérieur du site de la COP en raison des risques de sécurité », affirme Asad Rehman de la Coalition pour la justice climatique.

Selon lui, les militants prévoient de dénoncer le traitement des travailleurs migrants aux Emirats, la détention d’acteurs de la société civile, ainsi que la production de combustibles fossiles, autant de sujets tabous pour les autorités. « Nous avons été ouverts avec la présidence de la COP28 et les Nations Unies et ils sont bien conscients (…) que pour nous il ne peut y avoir de justice climatique sans droits de l’homme », dit-il. Une militante kenyane, elle, s’inquiète pour autre chose. « Je suis une fille transgenre et je vais devoir le cacher », dit-elle sous couvert d’anonymat.