COP28 à Dubaï : Les 4 enjeux majeurs de la conférence sur le climat
ENVIRONNEMENT•Emissions de gaz à effet de serre, énergie renouvelable, adaptation au réchauffement… Quelles seront les questions centrales de la COP28, qui s’ouvre le 30 novembre prochain à Dubaï20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- La COP28 approche à grands pas : elle aura lieu du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
- Quels sont les principaux enjeux de cette conférence mondiale sur le climat ?
- Place des énergies fossiles et renouvelables, financement, adaptation au changement climatique... Les discussions s'annoncent riches.
La COP28 s’ouvre dans moins d’un mois. Ce sera le 30 novembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Huit ans après l’adoption de l’Accord de Paris, l’urgence climatique frappe plus que jamais à la porte, et les États devront accroître leurs ambitions pour rectifier le tir. Sortie des énergies fossiles, développement du renouvelable, adaptation aux conséquences du réchauffement… Voici les points chauds des négociations à venir.
Le recours aux énergies fossiles à juguler
En 2015 à Paris, les Etats se sont engagés à limiter la hausse de la température, si possible, à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et se sont fixés ensuite des trajectoires nationales de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais les engagements actuels préparent un climat réchauffé de 2,8 °C d’ici à 2100.
Plus de 70 pays ont d’ores et déjà promis d’être neutre en carbone d’ici 2050 ou 2060, soit. Mais l’intérêt est bien davantage aujourd’hui de négocier explicitement le tarissement de la source prépondérante des émissions, non mentionnée dans l’accord de Paris : les énergies fossiles (80 % de la consommation énergétique mondiale).
Seule la réduction massive du charbon a été adoptée à la COP26 de Glasgow. L’avenir du pétrole et du gaz, lui, n’a jamais été mis à l’agenda. Cette discussion ne peut plus être évitée à la COP28, tenue d’établir le premier bilan officiel de l’accord de Paris.
Les Etats ne s’accorderont pas sur une date d’abandon complet des hydrocarbures. Mais nombre de pays, dont ceux de l’UE, pousseront pour la quasi-élimination des combustibles brûlés sans captage ni stockage du carbone. A quelle date ? A quel rythme ? Et avec quelle place accordée à ces technologies encore balbutiantes, accusées d’être une échappatoire pour les pays producteurs ?
La fin des nouveaux projets ou la réduction des subventions et investissements dans cette industrie (1.342 milliards de dollars par an en 2019-2021) sera l’objet d’âpres discussions, qui doivent tracer la route vers une réduction des émissions de 43 % en 2030 par rapport à 2019.
Les énergies renouvelables à doper… partout
Impossible d’abandonner le pétrole et le gaz avant d’avoir construit « le système énergétique de demain » sauf à risquer un chaos économique mondial, répète le président de la COP28, Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrogazière émiratie.
Les négociations tourneront donc autour du développement accéléré des énergies bas-carbone : tripler la capacité des renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030, promouvoir l’hydrogène vert… Sauf que l’essentiel de l’économie de la transition se limite aux pays développés : 2 % des investissements du secteur ont touché l’Afrique ces dix dernières années.
Le reste du monde n’acceptera donc aucun engagement contraignant sans garanties de financement ou sans concession sur son recours au gaz comme énergie intermédiaire entre le charbon, plus polluant, et les renouvelables.
Des milliers de milliards de dollars à débloquer
Depuis 1992, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC), qui fournit le cadre des négociations, repose sur le principe de la justice climatique : les pays riches, principaux émetteurs et responsables historiques de la crise, doivent aider financièrement et technologiquement le reste du monde.
Problème : depuis 2020, la promesse de fournir 100 milliards de dollars d’aide par an n’est pas tenue, même si elle est en passe de l’être.
Et cette aide n’est qu’une fraction du nécessaire : plus de 2.000 milliards de dollars seront requis chaque année d’ici 2030 pour financer l’adaptation au changement climatique et le développement de ces pays, selon un groupe d’experts des Nations unies.
Le fonds « pertes et dommages » à mettre en place
Cela avait été le résultat majeur de la COP27 à Charm-el-Cheikh, en Egypte : la création d’un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » des pays victimes de désastres climatiques. Un an plus tard, les négociations techniques patinent.
Qui doit payer ? Les pays développés, responsables historiques, ou bien aussi la Chine et les pays du Golfe ?
Qui en bénéficiera ? Tous les pays en développement, Chine comprise, ou seulement les « plus vulnérables » ?
Où installer le fonds ? Au sein de la Banque mondiale, accusée d’être aux mains des Occidentaux, ou dans une structure indépendante, mais longue à mettre en place ?
Autant de points complexes encore à trancher, sur une question jugée cruciale par les pays en développement, qui n’accepteront pas de quitter Dubaï sans une mise en œuvre concrète.