Pourquoi adopter une toiture claire permet de faire barrage à la chaleur ?
Argent•Rafraîchir les bâtiments sans réchauffer le climat, est un enjeu écologique majeur. Parmi les techniques efficaces, celle du « cool roof » consiste à éclaircir les toitures pour maximiser l’effet d’albédoJulie Polizzi pour 20 Minutes
Alors que le thermomètre bat des records de chaleur chaque été, la facture de la climatisation pèse aussi bien sur le portefeuille des ménages que sur le réchauffement climatique.
Pour supporter les épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, il faut donc multiplier les bons gestes. Outre les parois occultantes le jour, les courants d’air la nuit, la végétalisation des abords et autres filtres anti-UV, une méthode gagne ici à être connue : le « cool roof » ou « toiture fraîche ».
Entre tradition et science
Cette technique consiste à abaisser la température d’une toiture, et par conséquent celle de l’intérieur du bâtiment, en privilégiant une teinte claire permettant de refléter l’essentiel de la lumière du soleil. Historiquement, cette méthode est vieille comme le monde ! Tout le pourtour méditerranéen, de la Grèce à l’Espagne, en passant par le Maroc, est ainsi connu pour ses habitations claires, voire blanches.
Mais au-delà de la tradition, la science aussi plébiscite cette pratique à travers l’effet albédo. Comme le résume le CEA, un acteur majeur de la recherche en France : « Tout corps réfléchit une partie de l’énergie solaire qu’il reçoit. Plus un corps est clair et plus il est réfléchissant : son albédo est fort. À l’inverse, un corps sombre absorbe davantage les rayons du Soleil : son albédo est faible. »
De l’avis de bon nombre de scientifiques, d’urbanistes et d’architectes, l’effet d’albédo serait l’une des méthodes clés à développer pour abaisser la température des villes en recouvrant de revêtements clairs non seulement les toitures mais également le sol des rues et même le parc automobile !
Des résultats tangibles
Une étude de l’université de La Rochelle de 2015 a estimé que l’utilisation de revêtements réfléchissants « cool roof » permettait de faire baisser la température de 1° à 7 °C dans les bâtiments soumis à une forte chaleur, tandis que l’Agence de la transition écologique (Ademe) a observé qu’à Athènes, le passage d’un revêtement foncé asphalté à un revêtement blanc avait permis d’abaisser la température de 4 °C.
Quant aux professionnels qui commercialisent des produits « cool roof », ils promettent une diminution moyenne du mercure de 6 °C à l’intérieur du bâtiment et 40 % d’économies de climatisation sur l’année.
Le plébiscite atteint les plus hautes sphères puisque Ban Ki-moon, l’ancien Secrétaire général des Nations unies, affirmait en 2019 que repeindre les toits en blanc permettrait de diminuer la température intérieure des constructions de 7 °C.
Même le rapport du Giec du 28 février 2022 a mentionné les surfaces à fort albédo comme l’une des solutions à développer pour s’adapter au réchauffement de la planète !
Un marché de niche
Si vous projetez de rénover votre toiture et que vous souffrez chaque été de la chaleur, le choix d’un revêtement « cool roof » peut donc être judicieux. En la matière, sachez que plusieurs options sont possibles.
Membrane en matériau synthétique ou en bitume élastomère, résine, solution liquide ou encore peinture réflective capable de renvoyer les infrarouges responsables de la création de chaleur sont autant de produits commercialisés en France par une poignée d’entreprises spécialisées dans les revêtements de toitures, comme Soprema et Sika France, mais aussi par des start-up en plein boom telles que Cool Roof, fondée en 2015, et Enercool, apparue en 2020. Côté tarifs, les prix de ces revêtements issus de la low-tech oscillent entre 5 € et 20 € le mètre carré.
Avant de vous lancer, pensez toutefois à bien vous renseigner sur la qualité du produit, ainsi que sur les contraintes locales d’urbanisme puisque tout n’est pas forcément permis !
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