Climat37°C à Poitiers, 30°C à Brest… Septembre, « the new » août ?

Météo : 37°C à Poitiers, 30°C à Brest… Septembre va-t-il devenir « the new » août ?

ClimatLa persistance de températures élevées au mois de septembre interroge sur l’allongement de la période estivale à l’avenir
Quentin Ballue

Quentin Ballue

L'essentiel

  • L’été 2023 s’est classé comme le quatrième été le plus chaud depuis 1900 en France, avec une température moyenne supérieure de 1,4°C à la normale.
  • Le mercure reste très élevé en ce début du mois de septembre en raison d’une masse d’air chaud venu d’Afrique du Nord. De nombreux records ont été battus dans l’Hexagone lundi.
  • Septembre va-t-il devenir le « new » août ? Le météorologue Guillaume Séchet livre des éléments de réponse sur les enseignements à tirer de cette vague de chaleur. Un événement amené à se reproduire de plus en plus souvent.

Cette année, le short est de rigueur pour la rentrée des classes. Et pour cause : lundi a été la journée la plus chaude enregistrée pour un mois de septembre en France. L’indicateur thermique national a atteint 25,1°C sur le territoire hexagonal. Le précédent record datait du 4 septembre 1949, avec une marque de 24,7°C. Localement, Météo France a relevé 38,8°C à Montmorillon, 37°C à Poitiers ou 36,6°C à Niort. Du jamais vu pour un mois de septembre. D’autres records sont tombés en Charente, dans le Cher, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Vienne ou le Morbihan. La côte bretonne n’a pas été épargnée puisque cette journée était la plus chaude de l’année 2023 à Brest (30,6°C).

Il a encore fait très chaud ce mardi : 43 départements de l’ouest et du centre du pays ont été placés en vigilance jaune, et il faudra patienter avant de pouvoir souffler. « Aucun véritable rafraîchissement n’est entrevu avant au moins dimanche prochain, précise Météo France. Ainsi, la durée de cet épisode de fortes chaleurs, combiné à son intensité et son caractère tardif, s’annonce remarquable à l’échelle du pays. » Un aperçu de ce qui nous attend dans les années à venir ?

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Vigilance jaune-orangée

L’an dernier, déjà, la France avait connu un pic de chaleur du 12 au 14 septembre. Les Landes avaient particulièrement souffert avec 40,7°C à Bégaar ou 40,2°C à Pissos. Mont-de-Marsan (39,2°C), Pau (38,9°C) et Bordeaux (37,3°C) avaient également suffoqué. Mais la vague de chaleur que l’on observe actuellement sera « inédite dans sa durée et son intensité », estime Guillaume Séchet, qui a fondé le site Météo-Villes. « Elle arrive deux semaines après la vague de chaleur la plus intense et la plus longue observée pour la seconde partie d’un mois d’août. » Un signe supplémentaire de l’accélération du réchauffement climatique.

« La masse d’air qui survole actuellement la France est la plus chaude jamais enregistrée en cette saison », précise le météorologue. Les Parisiens (et les autres) ont intérêt à s’accrocher : d’après les prévisions, la barre des 30°C sera franchie chaque jour jusqu’au lundi 11 septembre dans la capitale. « Cela signifierait que Paris vivrait au moins 10 jours consécutifs de forte chaleur, ce qui n’est encore jamais arrivé au mois de septembre ! À titre de comparaison, la capitale n’en a enregistré "que" 8 sur les mois de juillet et août combinés », souligne Météo-Villes.

Si la vigilance jaune a été activée, « nous sommes quasiment à l’orange au regard des valeurs » selon Guillaume Séchet. Comme un mois d’août ? « Avec la persistance de cet air saharien pendant dix jours, on est vraiment dans la configuration du mois d’août 2003 ». Maigre consolation, « comme on est en septembre, les journées sont plus courtes - la durée durant laquelle il fait extrêmement chaud est moins importante - et le soleil est moins haut dans le ciel. Pour une même température mesurée, ça ne donne pas une journée aussi chaude qu’en juillet ou en août. »

Septembre, nouvel aoûtien

L’air chaud qui fait grimper la température dans l’Hexagone est actuellement pris en étau par deux gouttes froides, l’une au niveau de l’Atlantique, l’autre de la Grèce. Un phénomène qui provoque un blocage, et qui est amené à se reproduire. « On se retrouve pile dans l’axe d’un couloir d’air chaud qui va nous tenir tête pendant dix jours. C’est de plus en plus fréquent. Avec le réchauffement climatique, on observe qu’il y a moins de circulation, le courant-jet qui nous amène habituellement une circulation d’ouest, serpente de plus en plus, ce qui génère davantage de blocages. C’est de moins en moins fluide. »

Dans quelle mesure septembre va-t-il se rapprocher de son prédécesseur aoûtien ? « Au même titre que septembre ressemblera de plus en plus au mois d’août, mai ressemblera de plus en plus à juin. La période estivale est de plus en plus large, les vagues de chaleur de plus en plus précoces et de plus en plus tardives », répond Guillaume Séchet. « Normalement, à Paris, la moyenne des températures de septembre est de 17,2°C. Pour juillet et août, c’est à peu près 21°C. Selon le pire scénario, on pourrait atteindre ce niveau en septembre à la fin du siècle. On en est loin, mais on va peu à peu s’en rapprocher. » Le GIEC estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030, et ce quels que soient les efforts entrepris pour atténuer les émissions de CO2. Ça cogne…