Rio+20: Dans cinquante ans, un Rio écolo mais où l'on aura faim
SOMMET DE LA TERRE•En jouant en ligne à «Forward+50», les internautes ont bâti une ville écolo qui ne serait toutefois pas vraiment viable...à Rio de Janeiro, Audrey Chauvet
Au soir du septième jour, l’œuvre est achevée: dans cinquante ans, Rio de Janeiro aura de l’énergie renouvelable et des transports en commun mais pas assez de nourriture ni assez de logements. Ainsi en ont décidé les joueurs de «Forward+50», un jeu en ligne lancé par le Programme des Nations unies pour l’environnement à l’occasion du sommet des Nations unies sur le développement durable, et sponsorisé par Axa.
«On nourrissait 20 millions d’habitants mais l’empreinte écologique était désastreuse»
Après sept missions thématiques (énergie, agriculture, déchets…), les 10.000 joueurs ont dessiné les contours de la ville du futur. Plus d’énergies renouvelables, notamment avec des hydroliennes et des barrages, et plus de transports en commun avec des trains et des bateaux qui sillonneraient la baie de Rio, mais pas assez à manger. «La mission agriculture était intéressante, débriefe Grégoire Chailleux, qui a mené les opérations techniques pour Lordculture, le manager du projet. En cinq minutes, on nourrissait 20 millions d’habitants, mais l’empreinte écologique était désastreuse car on avait déforesté pour ça. La communauté des joueurs a donc voulu régler le problème mais a fait baisser la quantité de nourriture disponible.»
Quant au déficit de logements, il est dû à un problème énergétique: «Les bâtiments rénovés par les joueurs n’étaient pas assez autonomes en énergie, donc consommaient beaucoup d’énergie dont on ne dispose pas en quantité suffisante pour héberger toute la population de la ville», explique Grégoire Chailleux. Un seul choix a fait le consensus contre lui: le nucléaire. «Dès qu’un joueur construisait une centrale, elle était tout de suite détruite par les autres joueurs», poursuit Grégoire.
2.000 joueurs en France
Moralité: le développement durable, c’est compliqué. Chaque décision a de multiples impacts et influence toutes les autres. Est-ce pour ça que les négociations entre les pays piétinent du côté du sommet Rio+20? Peut-être aussi par manque d’enthousiasme, ce qui ne manquait pas chez les 6.000 internautes de 85 pays (dont 2.000 en France) et les personnes qui ont joué sur l’écran installé dans le Centro cultural Banco do Brasil, à Rio. Denisse Rondon, qui a organisé cet événement, se félicite: «4.000 personnes ont joué ici, à Rio».