Rio+20 : «Il faut s'occuper des océans, pas pour sauver les baleines mais pour nous sauver nous-mêmes»
SOMMET DE LA TERRE•Alors que les océans sont au cœur des négociations à Rio, Yann Arthus-Bertrand y a présenté en avant-première son dernier film, qui leur est dédié...à Rio de Janeiro, Audrey Chauvet
Soyons comme les poissons: si l’un détecte un danger, tout le banc le suit. Yann Arthus-Bertrand aimerait être ce poisson éclaireur qui mène les autres vers la protection des océans. Dans son dernier film, «Planet Ocean», il nous emmène à la découverte des fonds marins avec l’aide de Tara Expéditions. Pour nous faire comprendre que protéger les océans, où est née la vie, c’est sauver l’espèce humaine.
«Un film d’art et de sel»
Présenté en avant-première mardi soir à Rio, dans le mythique cinéma Odéon, le documentaire a été réalisé avec Michael Pitiot, qui avait déjà travaillé sur l’épopée du bateau Tara. «L’idée du film était d’éduquer, interpeller, faire passer le message de ce que nous avons vu sur le terrain», explique Romain Troublé, membre de Tara Expéditions. La coopération avec Yann Arthus-Bertrand a donc été naturelle. Certaines images du film ont même été données par Tara: le plancton n’a jamais été aussi photogénique. «C’est un film d’art et de sel», blague Serge Orru, directeur du WWF France à l’issue de la projection.
Instructif, le film se veut aussi militant. A Rio, Tara Expéditions n’a pas amarré son bateau mais représente fièrement la cause des océans au Sommet des peuples, qui se tient en marge du sommet officiel. «Nous avons ouvert le Pavillon bleu car il faut que les citoyens s’emparent du sujet des océans et comprennent ce qui se passe, poursuit Romain Troublé. Au sommet officiel, il n’y a pas d’échanges, tandis que chez nous on débat avec les gens de la rue.»
«Il n’est pas trop tard pour agir»
Et il y a de quoi débattre: la pêche, la pollution, l’exploitation pétrolière,… Autant de menaces pour la santé de notre mère, la mer. Au sommet Rio+20, on en parlé aussi: les océans étaient un des chapitres de la déclaration finale. Mais pour beaucoup d’ONG et de militants, la rédaction finale est loin d’être satisfaisante. «Il y a quand même des avancées: enfin on aborde toutes les problématiques, déclare, optimiste, Romain Troublé. Chez Tara, nous croyons que les écosystèmes marins ont une telle capacité à se régénérer qu’il n’est pas trop tard pour agir.» Mais il va quand même falloir réagir rapidement: «Il faut s’occuper des océans, pas pour sauver les baleines, mais pour nous sauver nous-mêmes», conclut Romain Troublé.