ANIMAUXLes manchots et leur vie sexuelle «dépravée»

Les manchots et leur vie sexuelle «dépravée»

ANIMAUXLes mœurs des manchots de l'Antarctique avaient été gardées secrètes par les explorateurs du siècle dernier...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Shocking: la vie sexuelle des manchots semblait bien trop dépravée aux yeux des scientifiques du début du XXe siècle pour être publiée. George Murray Levick, un scientifique parti en Antarctique dans les années 1910, avait consigné des cas de nécrophilie, de «viols» ou d’homosexualité parmi les manchots de la Terre Adélie, mais s’était bien gardé de faire connaître ses travaux, qui étaient restés entre les mains d’experts. Aujourd’hui, les œuvres de Levick sont mises au grand jour par le Muséum d’histoire naturelle de Londres, rapporte le Guardian.

Nécrophilie, coercition ou abus sexuel sur des poussins

Dans Natural History of the Adelie Penguin, George Murray Levick décrivait les mœurs particulières qu’il avait pu observer en Antarctique: de jeunes manchots essayant de s’accoupler avec des femelles mortes, des mâles ayant des relations avec d’autres mâles et d’autres forçant les femelles à assouvir leurs pulsions. Des observations précieuses pour les biologistes mais un peu trop osées pour le grand public de l’époque.

Des scientifiques britanniques se sont récemment replongés dans ces documents: «Le papier, qui n’a pas été officiellement publié, analysait la fréquence de l’activité sexuelle, des comportements auto-érotiques, et des pratiques qui paraissaient à l’époque aberrantes comme la nécrophilie, la coercition, l’abus sexuel sur des poussins et l’homosexualité», explique Douglas Russell, chercheur au Natural History Museum. «Ces observations étaient néanmoins précises, valables et méritaient d’être publiées.»

Des manchots «hooligans»

Certains manchots avaient été qualifiés de «hooligans» par les scientifiques des années 1910, car ils se déplaçaient en bandes et agressaient des femelles ou des poussins. Cette attitude a été expliquée plus tard: «Les manchots se retrouvent en colonies en octobre pour se reproduire, explique Douglas Russell. Ils n’ont que quelques semaines pour cela et les jeunes adultes n’ont aucune expérience, ils ne savent pas comment faire. Beaucoup ont des réactions inadaptées, d’où l’impression qu’ils ont des mœurs dépravées.» Le biologiste explique ainsi qu’un manchot mort, allongé avec les yeux mi-clos, ressemble beaucoup à une femelle consentante. Circonstance atténuante pour le jeune manchot inexpérimenté qui n’y voit que du feu.

Selon Douglas Russell, les travaux de George Murray Levick auraient été d’autant plus choquants que les manchots sont les oiseaux qui ressemblent le plus à l’homme. Et ajoute que le brave scientifique du début du XXe siècle avait également dû être choqué par les comportements des hommes qui l’accompagnaient lors des longues expéditions aux pôles. «Levick était un gentleman, argue le chercheur, ce n’est pas surprenant qu’il ait été choqué par ses découvertes.» Morale à part, les faits seront désormais consignés en toute objectivité pour mieux connaître le mode de vie des manchots, une des espèces menacée par la fonte des pôles liée au changement climatique.