Durban: Trois scénarios pour la fin des négociations
CLIMAT•Le porte-parole de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) nous présente les trois scénarios de fin du sommet sur le climat de Durban...à Durban, Benoît Faraco
L’ambiance est toujours terriblement calme dans les couloirs du Centre de Conférence de Durban. Que cache ce silence alors qu’il ne reste que 24h de négociations? Sans doute des difficultés à avancer sur les deux points centraux de la négociation: l’avenir du Protocole de Kyoto et les financements innovants pour abonder le fonds vert, dont les modalités de gestions ont été précisées pendant cette négociation.
Vers une alliance entre l’Europe et les grands émergents?
Plusieurs scénarios se dessinent sur l’avenir du Protocole. Cette semaine de négociation a été en effet marquée par une avancée importante de la Chine, qui s’est dite prête à discuter d’un nouveau traité, légalement contraignant, qui entrerait en vigueur en 2020. Cela est assez nouveau dans la négociation, puisque jusque-là la Chine refusait tout simplement d’envisager cela.
Face à ça, 3 grands pays industrialisés bloquent les négociations sur une 2e période d’engagement: Le Canada, les Etats-Unis et le Japon. L’Europe souhaite quant à elle s’engager dans une deuxième période d’engagements, à condition qu’une négociation débute sur un nouveau traité qui inclurait l’ensemble des pays industrialisés. L’Europe n’est donc pas très loin de la position chinoise.
3 scénarios pour l’avenir de Kyoto
Le premier scénario ici à Durban est sans doute le plus probable: celui d’un compromis mou, qui décide simplement de poursuivre les négociations. On se contenterait alors de dire que les choses avancent, que le Fonds vert progresse et que les pays vont continuer à discuter. Mais à ce rythme, cela revient à oublier l’objectif de 2°C, et à renvoyer sine die la question des sources de financements qui viendront abonder le Fonds vert. Et dans ce cas, 2011, puis 2012 risquent bien d’être à nouveau des années records en matière d’émissions de GES. Et comme l’ont rappelé les scientifiques à Nathalie Kosciusko-Morizet ce matin, le réchauffement climatique est bel et bien en train de s’accélérer.
Le deuxième scénario est celui de l’échec des négociations, qui ne permettent pas de trouver un accord sur la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto, ni de travailler sur les nouvelles taxes (sur le transport maritime et sur les transactions financières internationales). Ce scénario est probable. Il pourrait intervenir parce que les pays africains et les petits Etats insulaires refusent de signer un accord trop faible qui les condamnerait à subir rapidement des impacts insupportables du changement climatique. Où alors parce que l’Europe choisirait de provoquer une rupture dans la négociation, en refusant de signer un texte qui n’engage que moins de 15% des émissions mondiales. Cela aurait au moins l’avantage de remettre un peu de tension politique dans la négociation, et d’obliger les décideurs des pays les moins progressistes à assumer publiquement l’échec du système international de lutte contre le changement climatique.
Le troisième scénario, le plus optimiste, est quant à lui fort peu probable. Il consisterait en l’adoption d’une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto, en ignorant les pays comme le Japon ou le Canada qui refusent de s’engager, et d’ouvrir un nouveau processus de négociation pour l’adoption d’un nouveau texte, incluant l’ensemble des pays, le plus vite possible. Mais pour cela, il faut que les pays les plus progressistes, et notamment l’UE, prenne des risques, et s’allie aux pays émergents pour créer une dynamique. Cela passe aussi par des progrès substantiels sur les financements, alors que le dossier est toujours bloqué. Malgré l’ambition affirmée par Nathalie Kosciusko-Morizet ce matin dans son discours officiel de créer rapidement une taxe sur les transactions financières internationales et de mettre à contribution le secteur aérien et maritime, les négociateurs discutent encore un texte qui n’est pas très ambitieux.
Il reste donc encore une journée de négociation pour sortir de l’impasse. Quelque soit le scénario, et à moins d’une avancée spectaculaire dans la nuit, Durban ne sera pas une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. C’est donc aux ministres de choisir maintenant la voie qu’ils souhaitent emprunter.