SOMMET DE DURBANClimat: à la recherche d'un nouveau souffle à Durban

Climat: à la recherche d'un nouveau souffle à Durban

SOMMET DE DURBANLe protocole de Kyoto et la création d'un Fonds vert seront au coeur des négociations climatiques qui s'ouvriront le 28 novembre en Afrique du Sud...
© 2011 AFP

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Limiter le réchauffement de la planète à 2°C pour éviter un avenir trop hostile: sous l'égide de l'ONU, les négociations sur le climat reprennent en Afrique du Sud pour tenter de se rapprocher d'un objectif qui fait consensus mais n'a jamais paru aussi inaccessible. En dépit de l'urgence climatique, le sujet a sombré dans l'agenda diplomatique depuis le sommet de Copenhague, fin 2009. Un rendez-vous qui, présenté comme le grand soir du climat, s'était achevé dans la confusion, avec un texte a minima élaboré en catimini par quelques grands chefs d'Etat. Après avoir recollé les morceaux à Cancun (Mexique) l'an passé, les négociateurs de plus de 190 pays, rejoints à la fin par leurs ministres, vont tenter, du 28 novembre au 9 décembre à Durban, de redonner un cap à ce processus onusien lancé en 1992.

«L'été 2003 sera un été moyen dans les années 2040»

Au regard des émissions record de CO2 et malgré les mises en garde répétées des scientifiques, le monde semble désormais suivre la trajectoire d'un réchauffement de près de 4°C. Bien loin du seuil de 2°C préconisé par la science pour limiter les impacts sur nos sociétés dans quelques décennies. Nouveau signal d'alarme lancé lundi par l'Organisation météorologique mondiale (OMM): la concentration atmosphérique en CO2, le principal gaz à effet de serre, s'est accélérée en augmentant entre 2009 et 2010 de 2,3 ppm (parties par million), soit plus que la moyenne des années 1990 (1,15 ppm) et que celle des dix dernières années (2,0 ppm). Dans un monde à +4°C, «l'été 2003, où nous avons connu cette vague de chaleur extraordinaire en août (en Europe), sera un été moyen dans les années 2040 et l'un des plus frais dans les années 2060», rappelle le négociateur en chef de l'Union européenne, Artur Runge-Metzger.

A Durban, un signe fort, réclamé par les pays en développement, serait de donner un avenir au protocole de Kyoto. «Kyoto» est un traité symbole, le seul imposant des objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) à la plupart des pays industrialisés. Même si, en l'absence d'engagements des Etats-Unis et des grands émergents (Chine, Inde, Brésil), il couvre désormais moins de 30% des émissions globales. La première période de cinq ans d'engagements pris au nom de «Kyoto» s'achève fin 2012 et plusieurs pays industrialisés --Japon, Russie et Canada-- ne veulent plus se plier à un exercice auquel se refusent les Etats-Unis et auquel échappe la Chine.

Protocole de Kyoto et fonds vert en débat

Un blocage à Durban enverrait un très mauvais signal à quelques mois du 20e anniversaire du Sommet de la Terre de Rio, qui sera célébré en juin au Brésil. L'avenir de Kyoto semble donc reposer principalement sur un nouvel engagement de l'Union européenne (soit 11% des émissions globales). En échange, les Européens réclament une «feuille de route» impliquant toutes les grandes économies pour aboutir à un «cadre contraignant» global qui pourrait être entériné en 2015 et entrer en vigueur vers 2020.

Reste à savoir jusqu'à quel point la Chine et les Etats-Unis pourraient accepter de s'engager sur une telle «feuille de route». Sans ce cadre global, qu'il fut impossible de dégager en 2009 à Copenhague, la lutte contre le changement climatique ne repose que sur les promesses des pays volontaires. Lesquelles, selon des observateurs, ne représentent actuellement que 60% de l'effort nécessaire pour rester sous les 2°C. Un point positif cependant: les promesses officielles ne rendent pas forcément compte de toutes les initiatives prises par de nombreux pays, y compris ceux qui n'ont pas pris d'engagement comme la Chine, pour «verdir» leurs économies.

La conférence de Durban doit par ailleurs permettre d'avancer sur les questions financières, forcément délicates dans le contexte économique actuel. Il s'agira notamment de détailler l'architecture du «Fonds vert», un mécanisme qui doit permettre aux pays riches d'aider les plus vulnérables, avec l'objectif de verser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. La question sera scrutée avec attention par les pays africains, particulièrement démunis face aux bouleversements qui s'annoncent, lors de cette première conférence sur le climat organisée sur leur continent depuis 2006.