Des objets au radium trainent dans les greniers français
RADIOACTIVITE•Dans les années 1920, le radium était en vogue et certains greniers recèlent encore des rouges à lèvres, sels de bains ou fontaines au radium censées purifier le corps...avec Reuters
Le radium n’est plus vraiment à la mode depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima. Mais dans certains greniers français, les vestiges de la vogue des années folles pour les objets au radium sont encore là. Rouge à lèvres, aiguilles luminescentes ou encore fontaines dont l'eau était censée purifier l'organisme: chaque année, une centaine de ces objets radioactifs sont récoltés gratuitement par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Depuis mars dernier, le nombre d'appels de particuliers demandant le retrait de ces objets d'un genre particulier ne cesse d'augmenter.
Pas de dangers, saufs pour le matériel médical
«On a vu que les gens s'interrogeaient. Ils devaient savoir depuis longtemps que tel objet était radioactif et ils ne s'en préoccupaient pas et finalement Fukushima a été un peu le déclencheur», explique Damien Dubois, chargé d'affaires à l'Andra. La majorité de ces reliques oubliées dans un coin ne présente pas de danger pour la santé mais il est tout de même souhaitable de s'en défaire en appelant l'Andra, précise-t-il. «Vous pouvez avoir un réveil sur votre table de nuit, le risque sanitaire n'est pas avéré, vous n'allez pas en mourir», explique-t-il. «Une montre radioactive émet environ un microsievert par heure. Si on la portait pendant 1.000 heures, on recevrait une dose d'un millisievert (mSv), soit la dose maximum autorisée en France», explique Damien Dubois en précisant que pour les travailleurs du nucléaire, cette dose est portée à 20 mSv.
D'autres objets radioactifs comme des paratonnerres ou des détecteurs de fumée sont par ailleurs toujours installés en France. «Il y a encore environ 30.000 paratonnerres radioactifs. Tant qu'ils sont posés, ils ne présentent pas de risque mais ils doivent être retirés par une entreprise spécialisée», ajoute Damien Dubois. Seuls d'anciens objets à usage médical comme des aiguilles, des sondes ou des compresses au radium peuvent actuellement constituer un risque. «Ce type d'objets présente une irradiation plus importante. Il peut y avoir un risque sanitaire en étant à proximité de manière prolongée mais ce sont des objets que l'on ne retrouve pas n'importe où, dans les objets d'un radiologue par exemple», explique Damien Dubois. Ces objets à usage médical déjà identifiés comme nocifs à l'époque de leur utilisation portent souvent une indication de radioactivité et sont fréquemment entreposés dans des boites en plomb.
Une découverte à double tranchant
Après la découverte du radium par Marie Curie en 1898 et ses premières applications en radiologie ou pour la destruction de tumeurs, des sels de bains, des crèmes ophtalmologiques ou encore des antirides contenant du radium fleurirent dans les officines des années 1920 pour disparaître peu à peu après 1945. Le radium 226 est un élément radioactif naturel descendant de l'uranium 238 présent dans la croute terrestre. Il provoque à long terme des cancers en cas d'exposition importante et prolongée. Le temps nécessaire pour que la moitié des atomes du radium se désintègrent spontanément est de 1.600 ans.