Yves Coppens rassure sur l'état de la grotte de Lascaux
SCIENCES•Le célèbre paléontologue, à la tête du conseil scientifique de Lascaux, a tenu à rassurer sur l'état de la grotte lors d'une conférence à Bordeaux...A Bordeaux, Marion Guillot
«Un beau calme probablement provisoire.» Présent à Bordeaux ce jeudi, le paléontologue Yves Coppens a dressé un état des lieux plutôt positif de l’état sanitaire de la grotte, un an après sa nomination à la tête du conseil scientifique de Lascaux.
Ces derniers mois, les fameuses taches noires apparues sur ses parois* «se réduisent en surface et même en nombre, mais pas partout», a expliqué celui qui reste associé à la découverte du squelette de Lucy. Ces taches, mélange de champignons, de levures et de bactéries, «sont très compliquées, mais il semble qu’elles ne se plaisent pas dans la grotte», a-t-il poursuivi. Entouré d’une équipe pluridisciplinaire et internationale, il compte bien mettre à profit cette période de relative stabilité «pour tenter de savoir à quoi on a affaire».
«On pense que ces taches noires n’endommagent pas les peintures», tient à rassurer Yves Coppens. Mais les 14 scientifiques de son conseil ignorent toujours de quoi se compose le pigment noir qui colore les taches. Quoi qu’il en soit, aucune intervention directe sur ces moisissures n’est envisagée pour l’instant. «Je ne suis pas pour l’intervention chimique ou mécanique», a insisté hier le scientfique. Contrairement à l’un de ses collaborateurs italien, qui souhaiterait bombarder les taches avec des micro-ondes... «Il a envie d’en découdre», sourit Yves Coppens, «mais cette technique devra d’abord être testée dans une grotte laboratoire», indique-t-il.
Un site assez similaire, mais sans peintures rupestres, a déjà été repéré près de Montignac (24). L’éminent professeur se montre plus préoccupé par le système d’aération artificielle de la grotte, qu’il faudra sans doute remplacer avant la fin de son mandat, qui s’achèvera en février 2013. Installé il y a une dizaine d’années, «nous ne pouvons pas attendre qu’il tombe en panne pour le remplacer», estime-t-il. Même si, pour cela, il faudra prendre le risque de déséquilibrer l’écosystème si fragile de Lascaux. «La moindre intervention peut avoir des conséquences », soupire Yves Coppens. «Or, notre mission consiste à conserver la grotte le mieux possible et le plus longtemps possible.»
* Les taches noires se sont développées après l’application d’un traitement contre des moisissures blanches.