Des projets en Cascade pour reboiser l'Afrique
JOURNEE MONDIALE DE L'ENVIRONNEMENT•Le projet Cascade aide les populations locales à monter leur propre projet de reforestation et à attirer les investisseurs étrangers...A.C.
Planter un arbre en achetant une bouteille d’eau, participer à la reforestation de la mangrove grâce à un pack de yaourts… Les marques ont bien compris que ce message simple passait bien auprès des consommateurs. Elles se sont donc intéressées aux projets de reforestation dans les pays du Sud, comme ceux qui ont été développés dans le cadre du projet Cascade, mené par le programme des Nations unies pour l’environnement (Unep). Depuis 2007, des consultants aident les populations dans huit pays d’Afrique sub-saharienne pour développer des programmes de reforestation cohérents avec les problématiques locales et susceptibles d’attirer les entreprises à la recherche de crédits carbone à échanger sur le marché.
Gomme arabique, noix de cajou ou biocarburant: des retombées économiques locales
«Le projet Cascade est très innovant, car il a été lancé avant que l’on parle de Redd ou de reforestation, explique Françoise d’Estais, administratrice de programmes à l’Unep. L’objectif était de créer des projets-pilotes réplicables.» En associant les autorités nationales et les villageois, ces projets ont aussi un but de développement. «Contrairement à des projets industriels, les projets de reboisement impliquent inévitablement les populations locales, insiste Françoise d’Estais. La forêt apporte des emplois dans les pépinières, les plantations et pour son entretien. On passe souvent des accords avec les villageois pour y développer l’agroforesterie.»
Ainsi, un projet de plantation de jatropha au Bénin et au Mali, une plante utilisée pour fabriquer du biocarburant, a été développé en faisant attention à ne pas empiéter sur les cultures vivrières et l’usine de transformation du jatropha en carburant a été implantée près des plantations, afin de valoriser la production sur place. Au Sénégal, 5.500 hectares d’acacias ont été plantés pour produire de la gomme arabique, et à Madagascar, 6.000 hectares d’anacardiers produiront des noix de cajou vendues par les villageois. Au Cameroun, c’est la santé des femmes qui fument le poisson qui bénéficiera de l’installation de nouveaux fumoirs: «Traditionnellement, on coupe les arbres des mangroves et on les brûle pour fumer le poisson, explique Françoise d’Estais. Grâce à des cheminées et un foyer fermé, on peut utiliser moins de bois et surtout atténuer l’effet nocif sur la santé.»
«L’intérêt pour les projets en Afrique est de plus en plus fort»
Le projet Cascade arrive aujourd’hui à sa fin. Les porteurs de projets vont devoir trouver des financements via les acheteurs de crédits carbone. «Ils n’ont pas tous trouvé acheteur, reconnaît Françoise d’Estais, mais l’intérêt pour les projets en Afrique est de plus en plus fort. Avec les incertitudes sur l’avenir du protocole de Kyoto et le fait que des pays comme la Chine ou l’Inde, qui aujourd’hui concentrent 70% des projets financés, pourraient passer dans le groupe des pays pollueurs, les entreprises du Nord pourraient être très intéressées par les programmes de reforestation.»
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