MOBILITES Un rapport alerte sur les coûts des infrastructures de recharge des véhicules électriques

Un rapport alerte sur les coûts des infrastructures de recharge des véhicules électriques

MOBILITESSelon le Livre vert du sénateur Louis Nègre, qui vient d’être remis au gouvernement, le coût des infrastructures de recharge pourrait être conséquent pour le client. Aussi préconise-t-il de privilégier les bornes de recharge collectives…
Voiture electrique en cours de charge, dans une des 30 bornes parisiennes. Paris, FRANCE - 05/08/2008
Voiture electrique en cours de charge, dans une des 30 bornes parisiennes. Paris, FRANCE - 05/08/2008 -  F. DURAND / SIPA
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

Objectif du Grenelle de l’environnement: faire circuler deux millions de voitures électriques et hybrides rechargeables en France en 2020. Mais comment calibrer l’infrastructure de recharge?

La «pénétration des véhicules rechargeables dans le parc automobile devrait être de l’ordre de 1,5% en 2015 et 5% en 2020, estime le «Livre vert» du sénateur Louis Nègre (UMP) sur ces infrastructures de recharge, qu’il vient de remettre au gouvernement. Ceci représente pour une agglomération de 500.000 habitants et un parc d’environ 275.000 véhicules, quelque 3.300 véhicules rechargeables à l’horizon 2015 et 15.000 en 2020.» Pour satisfaire les besoins de charge de ces véhicules, «le principe un point de charge (PDC) un véhicule a été adopté. Le calibrage en recharge secondaire est lui très variable selon l’implantation géographique. Pour les 25 plus grandes agglomérations de France, ces principes impliquent le déploiement de 7.000 PDC ouverts au public en 2011, et 44.000 en 2014, dont 50% destinés à la charge principale en espace public (en charge normale à 3 kVA).»

Le «Livre vert» rappelle que trois paliers de puissance de recharge se distinguent aujourd’hui: la recharge normale (3kVa, ou kilo Volt Ampère, l’unité de mesure pour la puissance de charge), la recharge accélérée (22 kVA) et la recharge rapide (43 kVA), tous les véhicules n’étant pas compatibles avec la recharge accélérée. Le rapport incite à «systématiquement privilégier la recharge normale (3 kVA)» qui «s’impose notamment pour les places de stationnement principal, sur lesquelles les véhicules rechargeables stationnent pendant de longues durées et peuvent assurer la majorité de leurs recharges électriques (90 à 95% selon les premières expérimentations).»

Les coûts d’établissement par PDC peuvent aller de 4.000 euros à 9.000 euros pour des prises de 3 kVA, selon que l’on desserve deux ou douze PDC par borne. Les frais d’investissements et d’opérations pour les 25 plus grandes agglomérations de France seraient de l’ordre de 45 millions d'euros en 2011, et 300 millions d'euros en 2014.

Des frais qui pourraient être significatifs pour les usagers

«Si ces frais devaient être intégralement supportés par le client final, il faudrait leur faire payer pour chaque «plein» de 25 kWh des prix compris entre 13 euros pour une borne à 3 kVA et 36 euros pour une borne à 43 kVA, plus le coût de l’électricité estimé à environ 2 euros pour ce même plein.» Ces frais pourraient donc être très significatifs pour des usagers qui stationnent de façon principale sur espace public, de l’ordre de 9.000 euros sur huit ans. De quoi «grever la compétitivité du véhicule rechargeable par rapport au véhicule thermique» alerte le rapport. «La recharge partagée pourrait apparaître plus prioritaire et économiquement plus efficace pour le décollage du marché que la recharge principale dans le domaine public, à développer dans un second temps.»

L’Etat a annoncé qu’il lançait un appel à manifestation d’intérêt, piloté par l’Ademe, qui subventionnera sur la période 2011-2015 jusqu’à 50% de l’investissement consacré à la création de points de recharge par les collectivités.

Pour le sénateur, ce serait cependant une erreur d'envisager la gratuité de l'accès à l'infrastructure: "le tarif pour une recharge doit a minima s'établir à 30c€ pour 1 heure de recharge" et il doit être augmenté en cas d'utilisation des charges rapides, "moins vertueuses quant à leur impact réseau et environnemental."