Japon: l'eau contaminée plonge les parents dans l'angoisse
Kazuko Hara fait la queue à Tokyo, avec sa fille de 3 mois, pour ...© 2011 AFP
Kazuko Hara fait la queue à Tokyo, avec sa fille de 3 mois, pour quelques bouteilles d'eau distribuées par la municipalité. Comme beaucoup de parents de jeunes enfants, elle ne cache pas son inquiétude après la découverte de traces radioactives dans l'eau du robinet.
Mercredi, la municipalité de Tokyo a annoncé que le niveau d'iode radioactif 131 était deux fois supérieur à la norme autorisée pour les nourrissons dans l'eau du robinet, conseillant aux 13 millions d'habitants de la capitale de ne plus l'utiliser pour les bébés.
Jeudi, le niveau était repassé en-dessous du niveau légal de 100 becquerels par kilogramme et les autorités ont levé leurs recommandations. La ville a cependant maintenu la distribution de 1,5 litre d'eau minérale par enfant de moins d'un an à 80.000 familles, qui a commencé dans la matinée.
D'autres localités des préfectures de Chiba et Ibaraki, voisines de Tokyo, ont également déconseillé l'eau du robinet pour les bébés.
"Je ne sais plus comment faire. Quand les télés ont annoncé la nouvelle, il n'y avait aucun expert pour nous donner des explications. C'était inquiétant", a témoigné Kazuko, 39 ans, venue chercher les bouteilles à la mairie de l'arrondissement de Bunkyo pour sa fille de trois mois, Nagomi.
"Après, les experts ont commencé à dire qu'il n'y avait pas de raison de paniquer. Ca m'a un peu rassurée. Mais quand vous voyez les gens se précipiter dans les magasins et dévaliser les rayons, ça vous stresse à nouveau", a-t-elle ajouté.
L'iode radioactif, également présent à des niveaux anormalement élevés dans des légumes et du lait cru produits dans les préfectures autour de Fukushima, provient de la centrale nucléaire située à 250 km au nord-est de Tokyo et accidentée à la suite du séisme et du tsunami dévastateurs du 11 mars.
Les télévisions ont consacré leur antenne jeudi matin à répondre aux questions que se posent les parents, inquiets de savoir si l'eau contaminée peut être utilisée sans risque pour le bain des nourrissons ou bien même pour la lessive.
Mais Greenpeace a accusé le gouvernement de ne pas faire assez pour informer le public.
"Les autorités essaient peut-être de gérer la crise actuelle de façon courageuse afin d'éviter la panique dans la population, mais font-elles courir un risque pour la santé publique ?", s'est demandé jeudi, Rianne Reule, responsable de Greenpeace, dans un communiqué.
Une mère de famille, âgée de 27 ans, rencontrée aussi dans l'arrondissement de Bunkyo, admet être un peu perdue: "On ne sait simplement pas de quoi être inquiet ou de quoi ne pas s'inquiéter".
"J'ai tendance à imaginer le pire scénario et à prendre des précautions", ajoute-t-elle, confiant que nombre de ses amis donnent du jus de fruit en bouteille à leur bébé.
La ruée sur les bouteilles d'eau, s'ajoutant à la demande dans les zones sinistrées par le tsunami, a eu un effet direct pour les producteurs Suntory et Asahi Breweries, dont les chaînes d'embouteillage tournent à plein régime.
"Depuis le séisme, nous avons reçu beaucoup de commandes. Nous avons atteint notre capacité maximale de production d'eau minérale", a indiqué à l'AFP Yukari Miyazaki, porte-parole de Suntory.