La CRAU veut soigner son écosystème
ENVIRONNEMENT•Un an après la fuite de pétrole, la réserve des Coussouls panse ses plaies…A Marseille, Amandine Rancoule
Les suivis scientifiques de la faune devraient être rendus cette semaine. Un an après la rupture du pipeline dans la réserve naturelle des Coussouls de Crau, la société SPSE, gestionnaire du conduit, doit proposer des protocoles détaillés concernant l’impact de la fuite d’hydrocarbures sur la faune. « Nous nous basons sur des mesures faites dans des zones en périmètre car nous ne disposons pas de mesures effectuées sur place avant la fuite », indique la société. Près de 4 500 tonnes de pétrole s’étaient déversées le 7 août 2009 sur 5 hectares de ce milieu unique en Europe.
Un site naturel exceptionnel
Ancien delta de la Durance il y a 10 000 ans, la Crau présente un écosystème unique, qui en fait la dernière steppe de France. Les 8 000 hectares de la réserve abritent des espèces protégées, notamment 120 des 150 couples de faucon crécerellette recensés en France. Sur la zone polluée résidaient de nombreuses espèces animales rares et déjà menacées. Ainsi, plusieurs couples de ganga cata et d’alouettes calandres, dont la seule population française est recensée en Crau, des lézards ocellés, dont l’espèce est menacée, et un insecte, le criquet rhodanien, qui n’existe que dans la réserve, ont été touchés. « Au-delà de la fuite, les chantiers de dépollution et de réhabilitation ont forcément eu un impact, indique Thierry Dutoit, président du conseil scientifique de la Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau et professeur à l’université d’Avignon. Par exemple, le passage des camions sur les pistes tue des sauterelles et dérange les oiseaux mais il n’y a pas eu d’espèces éradiquées ». L’année dernière, environ 3 000 camions ont circulé dans la réserve. L’excavation des terres polluées a nécessité environ 1 600 rotations de camions. Le chantier actuel devrait être terminé avant début avril, début de la période biologiquement sensible.