Les forages gaziers en Méditerranée pourraient nuire à la vie marine
ENERGIE•Les conséquences des forages en mer du Levant, au large d'Israël, inquiètent le WWF...Audrey Chauvet
Les forages de gaz font encore parler d’eux. Après les gaz de schiste, ce sont maintenant les forages en eaux profondes qui suscitent l’inquiétude des associations environnementales. Le WWF a publié ce mercredi un communiqué mettant en garde contre les conséquences pour la biodiversité marine des forages projetés en Méditerranée, au large d’Israël. L’ONG exige que les restrictions légales applicables à l’exploitation en haute mer y soient respectées.
«Un écosystème marin unique et délicat»
La réserve de gaz Léviathan, découverte à 135 km au large des côtes israéliennes, et le champ de gaz de l’ouest du delta du Nil à 80km au nord-ouest d’Alexandrie sont les deux zones dans lesquelles des forages en eaux profondes pourraient rapidement voir le jour. Or, le WWF rappelle que «ces deux zones abritent un écosystème marin unique et délicat, d’une grande richesse biologique, où l’on retrouve des espèces rares d’éponges, de vers, de mollusques et de coraux d’eaux froides, dont certains sont âgés de plusieurs milliers d’années.»
Le WWF appelle les pays concernés par ces forages, en particulier Chypre, l’Israël, l’Egypte et le Liban, à «s’assurer que les normes environnementales les plus hautes soient définies» pour les forages gaziers et pétroliers en Méditerranée orientale. «Avant qu’une quelconque société d’exploration gazière ne mette un pied dans cette partie de la Méditerranée, des études d’incidences environnementales complètes et prudentes doivent évaluer les effets potentiels du forage sur les écosystèmes marins, demande Sergi Tudela, responsable du programme pêche du WWF Méditerranée. Le WWF condamne vigoureusement le forage aveugle dans ce haut lieu de la biodiversité car il est susceptible de créer des dommages irréversibles. Une fois qu’un forage a été réalisé dans un micro-écosystème unique, celui-ci peut mettre un millénaire ou plus avant de croître à nouveau.»
Des zones «d’importance spéciale» pour la biodiversité
La mer du Levant est déjà une zone protégée par des lois interdisant la pêche au chalut à plus de 1.000 mètres de profondeur et le delta du Nil a été désigné zone «d’importance spéciale» par le programme des Nations unies pour l’environnement.
Selon un rapport publié en août, la faune et la flore de Méditerranée sont parmi les plus menacées au monde. La dégradation des habitats, la surpêche et l’augmentation des espèces invasives favorisée par le réchauffement climatique sont les principales menaces qui pèsent sur les 17.000 espèces recensées en Méditerranée. Les forages de gaz en eaux profondes seraient un danger supplémentaire que les ONG veulent éviter.