ASSOCIATIONSLes associations vertes pas assez claires sur leurs finances

Les associations vertes pas assez claires sur leurs finances

ASSOCIATIONSUn rapport parlementaire leur demande d'être plus transparentes sur les fonds dont elles disposent et leurs modes de décision...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Un rapport à double tranchant. Si le travail des députés Geneviève Gaillard (PS) et Jean-Marie Sermier (UMP), commandé par le bureau de la Commission du développement durable, rend hommage au travail des associations et fondations oeuvrant pour l’environnement, notamment dans le cadre du Grenelle, il les rappelle également à l’ordre. Une plus grande transparence financière et d’éventuels conflits d’intérêts sont ainsi montrés du doigt par les députés.

«L’absence de démocratie» des fondations inquiète

Bien qu’encore peu nombreuses (seulement 20 000 associations se rattachent à la protection de l’environnement sur les 1,2 million d’associations actives en France), ces associations ont une influence croissante sur le grand public que le rapport salue: «Portée par des œuvres audiovisuelles fortement médiatisées sur les dérèglements climatiques et par des personnalités rendues familières par le petit écran, la mise en garde sur les conséquences désastreuses d’un mode de vie peu respectueux de l’environnement naturel a permis une véritable prise de conscience.» Mais c’est cette influence qui a poussé les députés à se pencher sur la manière dont les décisions et les orientations vers telle ou telle cause sont prises.

Dans la ligne de mire, les fondations, forme adoptée notamment par le WWF France, la fondation Goodplanet de Yann Arthus-Bertrand ou la Fondation Nicolas Hulot. Investissement financier personnel, la fondation est souvent incarnée par une seule personne. Les rapporteurs «se réjouissent de voir que la protection de l’environnement conduise à de tels engagements» mais «s’émeuvent toutefois de l’absence de démocratie qui préside par nature à la gouvernance d’une telle structure», soulignant le risque de confusion entre intérêt général et action personnelle.

Hulot contre le nucléaire mais financé par EDF

Autre inquiétude des députés: l’influence des donateurs privés, en particulier des entreprises. Ainsi, les rapporteurs citent la Fondation Nicolas Hulot, dont TF1, EDF et L’Oréal sont administrateurs: «EDF est une entreprise de pointe dans le secteur nucléaire. Quant à L’Oréal, elle est classée parmi les groupes de cosmétiques dont les produits font l’objet de test sur les animaux. Dès lors, comment interpréter, par exemple, la position très mesurée de Nicolas Hulot sur l’énergie nucléaire? Quel poids donner à sa parole sur les activités principales de ses deux administrateurs?» Même suspicion pour la fondation de Yann Arthus-Bertrand: «Il soutient l’organisation de la coupe du monde de football de 2022 au Qatar, gâchis énergétique plusieurs fois évoqué en ces lieux, ont rapporté les députés à la Commission. Le Qatar a par ailleurs financé la traduction en arabe de son film Home. Est-ce une bonne politique?».

Les associations et fondations pour l’environnement ne représentent encore qu’une part minime du budget des associations en France. Mais le taux de croissance de leurs collectes de fonds (+14,8% entre 2008 et 2009 contre 2% en moyenne dans le secteur associatif) pourrait inciter le gouvernement à se pencher plus sérieusement sur leurs activités dans le futur.