ENERGIEGaz de schiste: pourquoi les industriels s'accrochent

Gaz de schiste: pourquoi les industriels s'accrochent

ENERGIEAlors que la contestation prend de l'ampleur, les titulaires de permis de prospection ne reviennent pas sur leur position…
A.C.

A.C.

Pétition lancée par José Bové, demande d’interdiction des prospections en région Rhône-Alpes, manifestations à Paris et rapport commandé par le ministère de l’Ecologie… Les gaz de schistes ont mauvaise réputation. Pourtant, les détenteurs de permis de prospection restent discrets et ne reviennent pas sur les prérogatives qui leur ont été accordées. Pourquoi une telle persévérance?

Parce que les réserves potentielles sont énormes

Selon un document de Total publié en janvier par le quotidien Les Echos, la zone prospectée autour de Montélimar pourrait contenir 2.380 milliards de mètres cube de gaz. Malgré un taux de récupération relativement faible (on estime que seulement 40% du gaz présent dans la roche sera effectivement extrait), les 4.300 kilomètres carré de la région de Montélimar donneraient 950 milliards de mètres cube de gaz, soit 21 fois la consommation annuelle de gaz en France. Et même dans les scénarios les plus pessimistes, où 20% seulement du gaz serait extrait, ce sont quand même dix années d’énergie assurées.

Parce que c’est rentable

Les méthodes d’extraction ont beau être complexes et coûteuses, et les taux de récupération du gaz relativement faibles, les prix de l’énergie rentabilisent les forages. La raréfaction du pétrole devrait faire augmenter le prix du baril dans les prochaines années et celui du gaz, indexé sur le pétrole. L’entreprise Toreador, contactée par 20minutes.fr, estime que le pétrole extrait de la roche mère (à 2.500 mètres de profondeur) en Ile-de-France sera rentable «jusqu’à 50 dollars le baril». Un plancher qui n’a pas été atteint depuis la période de novembre 2008 à mars 2009, au plus fort de la crise économique.

Parce que la France deviendrait indépendante des importations

En 2008, la consommation française de gaz naturel était de 529 terrawatts heure selon les chiffres de l’Insee, dont 518 étaient importés. La production française ne cesse de diminuer (-82% depuis 1985) alors que la consommation augmente (+65% sur la même période). La dépendance aux importations, en majorité de Norvège, devient donc coûteuse. Une bonne raison de favoriser la production locale, comme l’a souligné la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet ce mercredi à l’Assemblée nationale: «Toute exploitation n'aurait d'intérêt que si ça fonctionnait par substitution au gaz importé».