Cancon: Le contre-sommet français sur le climat
CLIMAT•Les voix de ceux qui ne croient pas au sommet de Cancun se sont fait entendre dans le Lot-et-Garonne…avec Reuters
«Changer le système, pas le climat». Répondant à cet appel lancé par plusieurs organisations écologistes et altermondialistes, plusieurs centaines de personnes ont convergé samedi 4 décembre vers Cancon, dans le Lot-et-Garonne, pour un rassemblement citoyen en écho au sommet sur le climat de Cancùn au Mexique.
Entre les stands des associations, les fanfares et les étals gastronomiques, le maire de Cancon, Jean-Claude Gouget (Divers gauche) accueillait les personnalités avec une attention particulière pour José Bové, qui avait permis en 2003 à sa commune de bénéficier d'un véritable coup de projecteur. Lors du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2003, José Bové, alors interdit de sortie du territoire par la justice, avait lancé en forme de boutade que faute d'aller à Cancùn, il irait à Cancon. Le contre-sommet de Cancon était né, et des milliers de personnes y avaient participé.
Sur le même modèle, cette fois sur la question de la préservation de la planète et de la lutte contre le réchauffement climatique, Cancon a certes accueilli moins de participants qu'il y a sept ans, mais a atteint son but: faire entendre les voix de ceux qui ne croient pas à la réussite du sommet mexicain. «Personne n'est optimiste parce que la prise de conscience des dirigeants de la planète n'est pas assez importante. Faire un sommet sur le climat dans un lieu aussi dégradé que Cancùn est presque caricatural», a déclaré Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, à son arrivée.
Pour une «transition écologique et sociale»
«On est à nouveau là parce que la logique de l'OMC et de Cancùn, c'est le même égoïsme des multinationales. C'est de la responsabilité des états qui n'ont aucune volonté politique, comme on l'a vu en France au niveau du Grenelle de l'environnement», a déclaré José Bové, qui participait à un débat avec la participation de représentants d'Attac, du PCF et du Parti de gauche notamment.
Le député européen a plaidé pour que des organisations internationales dotées de pouvoirs de contrainte prennent en compte les réformes sociales et économiques nécessaires. «La reconversion écologique de l'emploi, la relocalisation de la production, les transformations dans le domaine de l'énergie, une nouvelle fiscalité indispensable, toutes ces politiques ne peuvent se mettre en place au niveau d'un état mais au niveau international», a-t-il indiqué, appelant à trouver des moyens de lutter contre les lobbies.
En fin de journée, Jean-Marie Harribey, conseil scientifique de l'organisation altermondialiste Attac devait participer à son tour à une table ronde consacrée à la «transition écologique et sociale». «La conférence de Copenhague s'est soldée par un échec, avec des pays riches qui n'ont pas pris de décisions contraignantes et des pays en voie de développement qui ne voient pourquoi eux devraient en faire, à l'image de la Chine, alors que le réchauffement climatique est plus rapide que les scientifiques ne le prévoyaient il y a dix ans. Les dérèglements climatiques et écologiques en général sont encore plus néfastes pour les plus pauvres», a-t-il souligné.